L’administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques et militaires contre le gouvernement de Nicolas Maduro sans pour autant remettre en cause l’appartenance du Venezuela à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Cette position illustre une stratégie d’équilibre visant à renforcer l’influence américaine sur les marchés pétroliers sans compromettre les liens établis avec les principaux membres du cartel.
Le Venezuela, membre fondateur de l’OPEP depuis 1960, a vu son rôle décliner au fil des décennies en raison de la chute de sa production, de l’instabilité politique et des sanctions économiques. La production nationale est passée de 3,7 millions de barils par jour dans les années 1970 à moins de 1 million en 2024. Malgré cette contraction, le pays détient 303 milliards de barils de réserves prouvées selon l’Energy Information Administration des États-Unis, soit environ 17 % des réserves mondiales.
Une présence stratégique au sein de l’OPEP
Les États-Unis maintiennent une approche pragmatique. Bien que le Congrès ait à plusieurs reprises tenté de faire adopter le projet de loi NOPEC (No Oil Producing and Exporting Cartels Act), autorisant des poursuites antitrust contre les membres de l’OPEP, aucune version n’a abouti. En 2018, Donald Trump avait accusé le cartel de « voler le reste du monde », mais cette rhétorique a évolué au profit de relations consolidées avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Dans le contexte géopolitique actuel, Washington cherche à favoriser un changement de régime à Caracas qui permettrait un retour des compagnies américaines sur le marché pétrolier vénézuélien, sans provoquer de rupture avec l’OPEP. Chevron, dernière entreprise américaine présente au Venezuela grâce à une dérogation en vigueur depuis 2019, pourrait voir ses activités élargies si les sanctions étaient levées. Rapidan Energy estime qu’un gouvernement stable et aligné sur les intérêts américains permettrait une hausse progressive de la production d’un million de barils par jour sur dix ans.
Des intérêts croisés entre Caracas, Riyad et Washington
L’administration Trump bénéficie d’un partenariat renforcé avec Riyad, acteur central de l’OPEP. Pendant la pandémie de COVID-19, les réductions historiques de production décidées par l’alliance OPEP+ ont permis de soutenir les prix du brut, protégeant ainsi l’industrie du schiste américaine. En 2025, Trump a sollicité une augmentation de la production pour contenir les prix à la pompe aux États-Unis, demande partiellement acceptée par l’Arabie saoudite.
L’influence croissante de Washington sur ses alliés du Golfe modère toute velléité d’exclusion de Caracas du cartel. Selon Bob McNally, président de Rapidan Energy, « pour les deux cofondateurs que sont l’Arabie saoudite et le Venezuela, il est plus important de maintenir l’unité au sein de l’OPEP que pour Washington ». La stratégie américaine repose donc sur un alignement silencieux, privilégiant une mainmise indirecte sur la politique pétrolière vénézuélienne.
Les incertitudes demeurent quant à la forme que prendrait une éventuelle transition politique à Caracas. Une intervention désorganisée pourrait retarder la relance de la production et créer une instabilité prolongée. Cependant, l’approche actuelle vise à éviter toute déstabilisation majeure au sein de l’OPEP, où la capacité de production du Venezuela reste un levier stratégique à long terme.