L’UE doit « décentraliser » son approvisionnement dans les énergies renouvelables, éoliennes et solaires, actuellement trop dépendant de la Chine, a déclaré mardi à l’AFP Francesco La Camera, le chef de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).
« Il est important de travailler à décentraliser la chaîne d’approvisionnement », a-t-il affirmé, en marge d’un forum intergouvernemental à Berlin, dédié au développement de l’éolien offshore en Mer Baltique. « Il faut davantage collaborer avec l’Afrique, l’Amérique du Sud ou l’Asie du Sud-Est », pour produire les infrastructures nécessaires à la transition énergétique, a ajouté M. La Camera.
L’UE est particulièrement dépendante de la Chine pour se fournir en minerais et en composants pour panneaux solaires et éoliennes, dans le cadre de sa transition énergétique. Les 27 achètent à la Chine 98% de leurs métaux rares, indispensables pour de nombreuses technologies vertes. Pékin détient en outre 60% de la capacité de production mondiale de batteries, éoliens et panneaux solaires.
La pandémie de coronavirus et les tensions géopolitiques entre les Occidentaux et Pékin au sujet de Taïwan ont particulièrement mis en lumière cette dépendance, avec l’apparition de goulots d’étranglement. « A notre avis, cette situation est préoccupante », a déclaré M. La Camera, qui appelle donc à « développer des interconnexions sur les minerais, sur les industries vertes avec des pays en développement ». « C’est cela qui va permettre aux Européens d’atteindre leurs objectifs », en matière de neutralité carbone, a-t-il ajouté.
Les États membres de l’UE se sont récemment entendus pour doubler, à 42,5%, la part des renouvelables dans la consommation énergétique d’ici 2030, notamment en accélérant les procédures d’autorisation des infrastructures. Mais pour atteindre cet objectif, l’industrie européenne doit fabriquer d’ici cinq ans l’équivalent de 20 GW d’éoliennes offshore par an, contre une capacité d’environ 7 actuellement, au risque d’usines saturées et de goulets d’étranglement.
La Commission européenne a donc présenté mi-mars un plan de simplification réglementaire sur les subventions, destiné à relocaliser ces productions, et répondre avec ses propres usines à 40% de ses besoins d’ici 2030.