Projet imprécis, risque de démantèlement: les oppositions accueillaient jeudi avec circonspection l’annonce la veille par la Première ministre du projet de renationaliser à 100% EDF, lourdement endetté et mis au défi de lancer un nouveau programme nucléaire.
Une renationalisation à 100% du groupe déjà détenu à près de 84% par l’Etat “n’a aucun autre intérêt qu’en réalité démanteler EDF comme l’exige l’Union européenne”, a affirmé la présidente du groupe RN à l’Assemblée Marine Le Pen, sur RTL.
Ce serait en outre “une perte financière pour les Français”, a-t-elle ajouté, car au moment où le gouvernement “avoue enfin que la situation financière (de la France) est dramatique, on nous dit +on va dépenser de l’argent dans EDF+, alors que ça ne sert à rien”.
La renationalisation, un sujet clivant
Il faut au contraire selon elle que l’Etat “arrête de ruiner EDF en l’obligeant à vendre à bas coûts à ses concurrents, qui n’ont rien investi, de l’électricité”.
Chez Les Républicains, le député et secrétaire général adjoint du parti Pierre-Henri Dumont a jugé que la question d’une renationalisation “n’est pas le vrai sujet”.
“L’enjeu est de savoir si le projet (de restructuration) Hercule (mis entre parenthèses mais jamais abandonné, NDLR) est toujours sur la table ou pas (…) Si c’est oui, c’est une mauvaise décision”, a-t-il estimé sur Radio J.
A l’autre bout de l’échiquier politique, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a assimilé une renationalisation à “une recapitalisation”, et posé ses conditions.
“Recapitaliser EDF oui, mais nous voulons avoir le débat au parlement pour que l’ensemble de la représentation nationale puisse dire ce que nous mettons dedans”, a-t-il souligné sur franceinfo.
“Nous voulons un Epic (Etablissement public à caractère industriel et commercial, NDLR), baisser la TVA (sur l’électricité) à 5,5%, sortir les prix de l’électricité et l’énergie du système européen, retrouver notre souveraineté en matière de production d’énergie, et investir dans les filières nucléaires et renouvelables”, a-t-il énuméré.
“On verra ce qu’il y a dans le texte. On verra si c’est une nationalisation des pertes quand il y a eu une privatisation des profits”, a souligné le député La France insoumise François Ruffin mercredi à l’Assemblée.
“Le privé n’a pas entretenu, a sous-traité (…), et maintenant que ça va mal, il s’agit de nationaliser”, a-t-il insisté jeudi sur LCI.
Le ministère de l’Économie a précisé jeudi qu’il lançait “dès à présent” le processus de succession du PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy, afin de mettre en oeuvre la renationalisation “rapidement”.