La mobilisation des salariés de GRDF, marquée par une journée de grève, a vu près de 10,5 % des employés répondre à l’appel de la CGT, principal syndicat du gestionnaire du réseau de distribution de gaz en France. La direction, qui a confirmé ce chiffre, est actuellement confrontée à une contestation de ses choix économiques, motivée par un contexte de baisse tendancielle du nombre d’abonnés au gaz et les restrictions imposées par la réglementation environnementale.
Les craintes des salariés sont alimentées par des prévisions de suppressions de postes significatives. Lors d’une réunion sur le secteur de l’acheminement, qui englobe les centres d’appels entre GRDF et les fournisseurs de gaz, le nombre de 264 suppressions de postes a été évoqué, selon Sébastien Raya, délégué syndical central CGT de GRDF. Ce chiffre n’a pas été contesté par la direction, qui n’a cependant fourni aucun chiffre officiel.
Impact de la réglementation environnementale
L’application de la réglementation environnementale RE2020, qui interdit l’installation de chaudières à gaz dans les nouveaux logements, affecte directement les activités de raccordement de GRDF. La réduction du nombre de chantiers et de nouveaux abonnés impacte les effectifs impliqués dans ces opérations, soulignant une menace pour l’emploi. « Il y a un manque d’ambition de GRDF sur l’emploi », affirme Sébastien Raya, exprimant l’inquiétude des salariés face à ce qu’ils considèrent comme un plan d’économies drastique.
La CGT pointe également un projet de réduction de la masse salariale de 180 millions d’euros sur quatre ans, soit une réduction des effectifs pouvant atteindre 15 %, correspondant à environ 2 200 postes sur les 11 500 actuels. Bien que la direction réfute cette estimation, elle reconnaît que des efforts de performance seront nécessaires dans le cadre de l’ATRD7, le tarif d’acheminement payé par les fournisseurs pour la période 2024-2028.
La composante du tarif ATRD7 et ses implications
Le tarif ATRD7, qui représente environ un tiers de la facture de gaz, doit financer l’entretien et la modernisation des infrastructures gazières. Cependant, avec la baisse progressive du nombre d’abonnés – soit une diminution de 197 000 entre fin 2022 et fin 2023, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE) – les coûts se concentrent davantage sur les clients restants. Cette situation accentue la pression sur GRDF, qui doit intégrer le gaz vert tout en assurant des économies pour rester compétitif.
Une perspective de réduction de la consommation de gaz
D’après le dernier rapport prospectif de la filière gazière, la consommation de gaz en France pourrait baisser de 30 % d’ici 2035, en raison des mesures d’efficacité énergétique et de sobriété. Cette perspective, bien que positive du point de vue environnemental, inquiète les salariés de GRDF qui redoutent un déclin de l’activité et une diminution de l’emploi.
Les discussions entre la direction et les représentants syndicaux sont encore en cours. Une prochaine réunion est prévue le 12 novembre pour aborder les métiers des commerciaux de terrain, également affectés par les réductions de postes. La CGT espère obtenir des engagements plus clairs pour préserver les emplois menacés par les réformes en cours, tout en assurant la transition vers des pratiques plus écologiques.