L’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont convenu d’un nouveau cadre de coopération visant à permettre la reprise des inspections nucléaires suspendues depuis la mi-juin. Cette avancée intervient dans un contexte de pressions diplomatiques croissantes et de menaces de rétablissement de sanctions par plusieurs pays européens.
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a annoncé s’être accordé avec le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi sur des modalités techniques précises lors d’une réunion tenue au Caire. Les deux parties ont signé un document intitulé « Modalités techniques pour la mise en œuvre des inspections », destiné à formaliser la reprise des contrôles sur les sites nucléaires iraniens.
Suspension des inspections depuis le mois de juin
L’accord intervient après plusieurs mois de blocage, consécutifs à une attaque israélienne sur le territoire iranien en juin, suivie de frappes américaines ciblant les installations nucléaires du pays. En réponse, Téhéran avait interrompu sa coopération avec l’AIEA, reprochant à l’agence son silence face aux bombardements.
Selon les autorités iraniennes, la décision de relancer la coopération s’appuie sur une nouvelle entente politique, prenant en compte le contexte créé par les événements militaires et une résolution critique adoptée par le conseil des gouverneurs de l’AIEA. Une loi adoptée en juillet par le Parlement iranien interdit en principe toute collaboration, sauf dérogation expresse décidée par le Conseil suprême de sécurité nationale.
Menace de réactivation des sanctions européennes
L’initiative survient alors que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, réunis sous le groupe E3, ont enclenché fin août une procédure susceptible de conduire au rétablissement de sanctions contre l’Iran. L’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec les grandes puissances prévoyait une levée progressive des sanctions en échange de restrictions sur le programme iranien.
Ce cadre juridique permet à une partie de l’accord d’exiger un retour des sanctions si elle estime que les engagements ne sont pas respectés. L’accord avait été fragilisé en 2018 après le retrait des États-Unis, qui ont ensuite rétabli des mesures punitives unilatérales. L’Iran avait alors réduit progressivement sa coopération avec l’AIEA et accru le niveau de son enrichissement d’uranium.
Des niveaux d’enrichissement sous étroite surveillance
L’AIEA a confirmé que l’Iran enrichit actuellement de l’uranium jusqu’à 60 %, un seuil technique proche des 90 % nécessaires à la fabrication d’une arme nucléaire. Ce niveau reste toutefois supérieur aux plafonds fixés par l’accord de 2015.
Fin août, des inspecteurs ont été brièvement autorisés à intervenir sur le site de la centrale de Bouchehr pour remplacer du combustible, mais n’ont pas eu accès aux installations visées par les frappes de juin. L’étendue exacte des dommages n’a pas été rendue publique.