Le plan France 2030, inauguré par le président Emmanuel Macron en octobre 2021, se dote d’une enveloppe financière de 54 milliards d’euros sur cinq ans. En février 2022, une annonce spécifique cible le secteur nucléaire, avec une allocation de 1 milliard d’euros pour soutenir le projet Nuward de petits réacteurs modulaires (SMR) et d’autres réacteurs innovants. L’objectif fixé est ambitieux : construire un prototype de réacteur innovant en France d’ici 2030. Une initiative qui reflète une volonté politique forte de positionner la France comme un leader dans le domaine de l’énergie nucléaire propre et innovante.
Thorizon recevant un financement sous France 2030
Dans ce contexte, Thorizon, une entreprise néerlandaise issue de NRG, annonce avoir été sélectionnée pour recevoir un financement de 10 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030. L’entreprise travaille sur le développement d’un réacteur à sel fondu (MSR) de 250 MWt/100 MWe, ciblant principalement les grands clients industriels et les services publics. Le projet se distingue par son ambition de mettre en place un système de réacteur pilote avant 2035, utilisant des sels de fluorure comme refroidisseur primaire à basse pression et envisageant l’utilisation de spectres de neutrons épithermiques ou rapides.
Caractéristiques innovantes du projet de Thorizon
L’intérêt particulier pour le concept de MSR réside dans sa capacité à utiliser le thorium pour produire du combustible nucléaire, nécessitant une source initiale de matière fissile, comme le plutonium-239. Le combustible à base de sel fondu de Thorizon intègre des éléments de longue durée issus du retraitement du combustible nucléaire usé et du thorium, permettant le recyclage des déchets nucléaires de longue durée provenant d’autres installations nucléaires. Ce projet vise ainsi à réduire significativement la quantité de déchets produits, en ligne avec les objectifs du plan France 2030.
Collaboration stratégique et expansion de Thorizon
Thorizon bénéficie, grâce à ce financement, non seulement de ressources financières mais aussi d’un accès à une expertise significative en matière de recherche nucléaire, de législation européenne et de développement commercial. L’entreprise met en avant son ambition accélérée de développer un SMR basé sur le sel fondu, envisageant l’utilisation de déchets nucléaires comme source de combustible. En début d’année, Thorizon a établi une seconde implantation à Lyon, France, soulignant l’importance de la France comme centre d’expertise nucléaire mondial et renforçant sa collaboration avec Orano pour rendre l’énergie nucléaire plus circulaire.
Thorizon n’est pas seule dans sa quête d’innovation nucléaire sous l’égide de France 2030. La société a signé un accord de partenariat stratégique avec le développeur français de réacteurs à sels fondus Naarea, visant à promouvoir le développement des MSR en Europe. Par ailleurs, Stellaria, une autre entreprise issue du CEA, annonce également avoir reçu un financement dans le cadre de France 2030 pour son projet de réacteur à sel de chlorure très compact, capable d’utiliser une gamme variée de combustibles nucléaires. Ces initiatives marquent une étape significative vers la concrétisation d’une nouvelle génération de réacteurs nucléaires en Europe, alignées sur les objectifs du plan France 2030 pour une énergie propre et durable.