Le ministère malaisien de la Transition énergétique et de la Transformation de l’eau (PETRA) a annoncé le 2 août le lancement officiel d’une étude de faisabilité portant sur l’introduction du nucléaire civil dans le bouquet énergétique du pays. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du 13ᵉ Plan malaisien (2026-2030), présenté par le Premier ministre Datuk Seri Anwar Ibrahim le 31 juillet. L’objectif principal est de déterminer si l’énergie nucléaire peut répondre aux exigences nationales de sécurité énergétique à long terme, tout en soutenant la diversification des sources et l’évolution structurelle du système électrique.
Le projet est piloté par MyPOWER Corporation, entité spéciale placée sous la tutelle de PETRA, et encadré par une feuille de route élaborée selon les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’étude couvre plusieurs dimensions, notamment le cadre réglementaire, l’analyse des infrastructures, la préparation des ressources humaines et la coordination institutionnelle entre les ministères et les agences. Le gouvernement insiste sur le fait qu’aucune décision n’a encore été prise concernant la technologie, la capacité ou le calendrier d’éventuels déploiements nucléaires.
Zones ciblées et contraintes du réseau énergétique
Selon les premières indications fournies par les autorités, l’étude de faisabilité se concentrera en priorité sur les régions de Malaisie péninsulaire et de Sabah. Ces zones présentent des défis spécifiques liés à la disponibilité et à la stabilité des sources d’électricité renouvelable. À Sabah, en particulier, la production repose principalement sur l’hydroélectricité et le solaire, deux ressources limitées en capacité et fortement dépendantes de systèmes de stockage par batteries.
Le vice-Premier ministre et ministre en charge de la Transition énergétique, Datuk Seri Fadillah Yusof, a précisé lors de la 5ᵉ Conférence internationale Green Build à Petaling Jaya que, malgré l’existence de ressources locales telles que la biomasse et le biogaz, ces dernières restent insuffisantes pour assurer l’autonomie énergétique régionale. C’est dans ce contexte que le recours à une source stable et centralisée, comme le nucléaire, est examiné comme option stratégique.
Dispositif réglementaire et acceptabilité publique
Parallèlement à l’analyse technique, le gouvernement prévoit un examen approfondi du cadre législatif existant. Cela inclut l’identification des modifications réglementaires nécessaires, en conformité avec les standards internationaux de sûreté, de sécurité et de non-prolifération. La méthodologie adoptée repose sur l’Approche par étapes (Milestones Approach) préconisée par l’AIEA, qui sert de référence pour les pays en phase d’évaluation de programmes nucléaires.
L’étude met également en avant les impératifs liés au développement du capital humain, tant sur le plan technologique que sur celui de l’inspection et de la régulation. Le ministère prévoit en outre des initiatives de sensibilisation et de consultation afin de renforcer l’acceptabilité sociétale d’un éventuel programme nucléaire. À ce stade, l’accent reste mis sur la rigueur des analyses techniques et réglementaires, sans engagement quant à la mise en œuvre effective d’un projet nucléaire dans l’immédiat.