Gazprom, se retrouve au cœur d’une tempête économique et politique. La récente annonce d’une réduction de 20% de ses investissements pour 2024, par rapport à l’année précédente, est révélatrice des défis sans précédent auxquels l’entreprise est confrontée. Cette diminution substantielle, ramenant les investissements à environ 1.573,6 milliards de roubles (16,3 milliards d’euros), traduit une situation financière tendue et un contexte géopolitique complexe.
Impact des Sanctions et Fermeture du Marché Européen
Ces dernières années ont été particulièrement difficiles pour Gazprom. La fermeture quasi-totale du marché européen, son principal client international avant le conflit en Ukraine, a porté un coup dur à l’entreprise. Cette situation est aggravée par le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022, qui a entraîné une interruption presque complète des livraisons de gaz russe vers l’Union européenne.
Chute du Bénéfice Net et Défis Financiers
Sur le plan financier, Gazprom a vu son bénéfice net chuter de 44% sur les neuf premiers mois de 2023, comparativement à la même période en 2022, tombant à 4,6 milliards d’euros. Cette détérioration des finances reflète les difficultés accrues causées par les sanctions occidentales imposées suite à l’agression russe en Ukraine. En outre, la réduction du programme d’investissement de 2023, d’environ 3,4 milliards d’euros, était déjà un indicateur de l’état précaire des finances du groupe.
Stratégie de Diversification vers l’Asie
Gazprom, qui détient les plus grandes réserves de gaz naturel au monde, se trouve ainsi dans une situation délicate. D’une part, il doit naviguer dans un environnement de sanctions et de restrictions, tout en faisant face à une pression fiscale élevée et à un accès limité aux financements internationaux. D’autre part, l’entreprise doit développer de nouvelles infrastructures pour acheminer son gaz vers l’Asie, un processus coûteux et long.
Toutefois, malgré ces défis, Gazprom possède des atouts. La montée en puissance du gazoduc Force de Sibérie 1 vers la Chine est un signe positif, même si le projet colossal de Force de Sibérie 2 n’est pas encore finalisé. Ces projets reflètent la stratégie de l’entreprise pour diversifier ses marchés et réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Europe.
La décision de Gazprom de réduire significativement ses investissements pour 2024 est un indicateur clé des tensions économiques et géopolitiques actuelles. Elle souligne les défis auxquels la Russie et ses entreprises étatiques sont confrontées dans un contexte de sanctions et d’isolement croissant. Cette situation pourrait inciter Gazprom à accélérer sa reconfiguration stratégique, notamment en se tournant davantage vers les marchés asiatiques.