La centrale nucléaire de Gravelines, située sur le littoral de la mer du Nord, a retrouvé sa pleine capacité de production après un incident exceptionnel survenu entre le 10 et le 11 août. Quatre réacteurs avaient été arrêtés automatiquement en raison d’une arrivée soudaine de méduses dans les systèmes de filtration d’eau de mer. EDF a confirmé que l’unité de production n°3, la dernière à rester hors service, a été reconnectée au réseau national samedi. Les unités n°2, n°4 et n°6 fonctionnent également, tandis que les réacteurs n°1 et n°5 poursuivent leurs maintenances programmées.
Des interruptions automatiques mais contrôlées
Les tambours filtrants, destinés à protéger les circuits de refroidissement, avaient été saturés par l’afflux massif de méduses. Ce mécanisme a déclenché l’arrêt automatique des installations, empêchant toute perturbation du refroidissement nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ANSR) a confirmé que la sûreté des réacteurs n’avait pas été affectée et qu’aucun risque n’avait été constaté pour le personnel ou l’environnement. EDF a indiqué que l’unité n°4 avait subi une nouvelle déconnexion préventive, de courte durée, le 20 août en raison d’une recrudescence de méduses.
Un phénomène connu mais difficilement prévisible
Des épisodes similaires avaient déjà été observés dans les années 1990 à Gravelines, ainsi que dans d’autres pays comme les États-Unis, la Suède, l’Écosse et le Japon. L’ampleur du phénomène varie, mais il demeure suffisamment significatif pour provoquer des arrêts complets de production, comme en août. Gravelines, la plus grande centrale nucléaire d’Europe occidentale, avait ainsi été totalement à l’arrêt pendant près de deux jours, réduisant temporairement sa contribution au réseau national.
Un facteur récurrent pour la production électrique
La présence saisonnière de bancs de méduses sur les côtes du nord de la France est régulièrement signalée par les scientifiques. Dominique Mallevoy, responsable aquariologie au centre Nausicaá, note que les bancs massifs sont observés de plus en plus fréquemment en été. Selon les experts, plusieurs facteurs expliquent cette récurrence, notamment l’évolution de la température des eaux et la baisse du nombre de prédateurs naturels. Pour les opérateurs nucléaires, ce type d’incident reste un élément opérationnel à anticiper, car il impacte directement la disponibilité des unités de production.