La CCS permettrait de réduire de 25% les émissions carboniques du secteur du GNL selon Wood Mackenzie. La bonne forme financière du secteur peut en ce sens accélérer le déploiement de ces techniques. La CCS pouvant même avoir des avantages économiques.
La CCS pour réduire les émissions de carbone du GNL
Les techniques de capture et de stockage du carbone (CCS ou CCUS) peuvent réduire considérablement les émissions de carbone du secteur du GNL. Jusqu’à 25% selon les experts de Wood Mackenzie.
Les acteurs du secteur sont demandeurs. Le GNL est en effet l’une des trois sources énergétique les plus émettrices de gaz à effet de serre. 40% de ses émissions de scope 1 et 2 se concentrent directement dans le processus de liquéfaction du gaz. Le GNL reste néanmoins moins émetteur que le pétrole et le charbon. Il est donc parfois considéré comme une source énergétique de transition.
La demande augmente, les prix aussi
Moins émetteur de carbone que les autres sources d’énergie fossile, la demande de GNL augmente dans le monde entier. Celle-ci pourrait même croitre de 53% entre 2020 et 2030. L’Asie en tête, représentant à elle seule 60% de cette croissance.
Si la demande augmente, par conséquent, les prix sur le marché du GNL aussi. D’autant que les stocks en Europe et en Asie sont mal constitués. Aux États-Unis, ils seront suffisants, sauf en cas de conditions météorologiques hors des moyennes de saison. Les prix pourraient ainsi atteindre un pic historique dès cet hiver 2021.
Les dernières estimations sont tout de même plutôt optimistes au niveau des températures à venir aux États-Unis. Les prix pourraient donc se stabiliser plutôt que croitre rapidement. Les marchés suivent déjà cette tendance.
La bonne santé financière du secteur encourage le déploiement des techniques de CCS
Cette croissance de la demande et des prix permet ainsi aux acteurs du secteur de s’assurer des revenus stables. Par conséquent, de s’intéresser plus facilement à des techniques de réduction de leurs émissions carboniques comme la CCS.
D’autant que sur ce marché mature, les acteurs ont une bonne capacité opérationnelle et de nombreuses infrastructures existantes et réutilisables. Ils ont aussi une grande expertise en matière de réservoir, d’économie d’échelle et de conception des projets. Cela leur permet donc déjà de réduire l’intensité carbone de leur activité à moindre frais de recherche et d’opération.
Des différences inhérentes à chaque projet
En revanche, en matière de GNL, le déploiement de techniques de CCS ne peut se défaire des différences inhérentes à chaque projet. Celles-ci influent le type d’action à mener, ainsi que les coûts. Certains projets notamment onshore étant dans des endroits particulièrement reculés.
« Chaque usine a un profil d’émissions unique. Par conséquent, la meilleure façon de réduire l’empreinte carbone d’une usine de GNL dans l’Arctique peut varier considérablement d’une usine au Qatar ou en Australie. », remarque Daniel Toleman, analyste principal de Wood Mackenzie.
2 postes d’émissions carboniques, 2 approches
Les techniques de CCS peuvent intervenir à deux postes d’émissions de carbone complémentaires. Premièrement, avant liquéfaction du gaz naturel, c’est-à-dire avant combustion. À ce poste, dit « réservoir », l’avantage en termes de coût de déploiement de la CCS est important.
En effet, séquestré ou non, le CO2 doit quand même être évacué à cette étape du processus. Au risque, sinon, que le CO2 ne gèle et bloque la liquéfaction. L’unité d’élimination du CO2 est donc déjà existante. Elle n’entraîne donc pas de coûts supplémentaires exorbitants pour s’adapter à la séquestration.
En outre, cette technique permettrait de réduire l’intensité globale de 25% à 50% selon le projet.
La CCS postcombustion plus couteuse ?
Le deuxième poste intervient postcombustion. La technique consiste ainsi à capter le CO2 du flux de gaz de combustion du GNL. Mais cette technique est généralement plus couteuse que la première avant liquéfaction. En revanche, son coût est réduit sur les nouvelles installations en raison des synergies de conception et d’emplacement.
Infléchir les politiques publiques pour inciter
S’il y a des avantages environnementaux, la CSS présente également des avantages économiques. La réduction des émissions atténue par exemple les effets d’une taxe carbone.
En revanche, pour que ces avantages économiques se manifestent réellement, il faut des politiques publiques incitatives. Les États-Unis ont ainsi créé un crédit d’impôt pour la séquestration du carbone postcombustion. Les nouveaux projets de ce type sont dorénavant plus compétitifs.
Mais Daniel Toleman tempère. Pour lui, les projets de CCS à réservoir à faible coût seront probablement les premiers à aller de l’avant. Plusieurs projets sont d’ailleurs à surveiller. Notamment au Qatar, en Australie, en Malaisie et au Timor Leste.
D’autres techniques de réduction des émissions
En parallèle de la capture et de la séquestration de carbone, il existe d’autres moyens de réduire les émissions carboniques. Notamment en compensant les émissions et en évitant au maximum les fuites.
De manière plus générale, en électrifiant les secteurs et les pans sociétaux énergivores. À condition que cela s’accompagne du déploiement des énergies bas-carbone, renouvelables et du stockage énergétique.
En revanche, la demande de GNL ne devrait pas décroitre avant la fin de la décennie. Au contraire, celle-ci croit. Et ce, en raison notamment du dérèglement climatique et météorologique qui accentue les besoins énergétiques en périodes critiques.