Le pouvoir fédéral de Bagdad et le Kurdistan d’Irak autonome ont assuré samedi opter pour “le dialogue” au sujet du litige pétrolier qui les oppose depuis plusieurs mois, sur fond de procédures judiciaires qui empoisonnent leurs rapports.
Le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a reçu samedi le chef du gouvernement de la région autonome Masrour Barzani, dont il s’agit de la première visite à Bagdad depuis 2019.
Sur le volet économique, les deux parties ont discuté de la nécessité de renforcer la “coordination” pour “améliorer le climat des affaires et attirer les investissements”, selon un communiqué des services de M. Kazimi.
Dans cette optique les deux hommes “se sont mis d’accord pour approfondir le dialogue entre le ministère du Pétrole fédéral et le ministère des ressources naturelles de la région du Kurdistan pour résoudre les questions en suspens, œuvrer à des solutions conjointes, et réaliser la complémentarité dans la gestion des hydrocarbures”.
Depuis le début de l’année, les houleuses relations entre Bagdad et Erbil, capitale de la région autonome, se jouent devant les juges. En février, un arrêt de la Cour suprême fédérale sommait le Kurdistan de livrer son pétrole au gouvernement central, donnant à Bagdad le droit de revoir ou d’annuler les contrats pétroliers.
Depuis, le gouvernement irakien bataille pour faire appliquer cet arrêt. Saisi par le ministère du Pétrole, un tribunal de Bagdad a invalidé début juillet quatre contrats conclus entre le Kurdistan et des entreprises canadienne, américaine, britannique et norvégienne.
Samedi M. Barzani s’est aussi entretenu avec le président du Conseil suprême de la magistrature Faiq Zidan. Deuxième pays de l’Opep, l’Irak exporte en moyenne 3,3 millions de barils de brut par jour. Quant au Kurdistan, sa production quotidienne dépasse les 450.000 barils.
Pour préserver l’autonomie de ses hydrocarbures, le Kurdistan a proposé aux autorités fédérales la création de deux entreprises chargées de l’exploration et de la commercialisation, et qui travailleront en partenariat avec Bagdad, selon les autorités d’Erbil.
Mais il a aussi lancé début juin deux actions en justice, dont une contre le ministre du Pétrole, Ihsan Ismaïl, qu’il accuse de chercher à “intimider” les entreprises étrangères opérant au Kurdistan, selon un communiqué. Évoquant les tirs d’artillerie de mercredi imputés à la Turquie ayant fait neuf morts, Le Premier ministre Kazimi et M. Barzani ont souligné l’importance d’une “vision unifiée” sur la manière d’appréhender cette attaque.