Shell a obtenu le soutien d’une grande majorité d’actionnaires mardi lors de son assemblée générale annuelle, malgré un début de séance chaotique et de nombreux doutes exprimés sur la transition énergétique du géant pétrolier britannique.
Les comptes, la rémunération des dirigeants et du conseil d’administration et leur maintien en poste ont été adoptés à la quasi unanimité. Le plan de transition énergétique du groupe, bien qu’adopté largement, n’a reçu que 80% de votes favorables, ce qui a amené le groupe à dire dans un communiqué que ce résultat nécessitait « de consulter les actionnaires pour comprendre les raisons ». Le fonds de pension de l’Eglise d’Angleterre, actionnaire minoritaire de Shell mais en désaccord avec sa stratégie de transition énergétique, avait prévenu qu’il voterait contre la reconduction des dirigeants.
Le directeur général Wael Sawan s’est dit « satisfait que la majorité de nos investisseurs continue à soutenir notre stratégie de devenir une entreprise d’énergie neutre en carbone d’ici 2050 ». L’ONG Reclaim Finance, affiliée à l’ONG écologique Les amis de la Terre, déplore que les actionnaires aient validé la stratégie climatique de l’entreprise et « rejeté la résolution de Follow This et un groupe d’investisseur appelant le géant pétrolier à aligner ses émissions de gaz à effet de serre indirectes (Scope 3) sur l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 degré ».
« Les actionnaires répondent à l’appât des dividendes et non aux appels des scientifiques. (…) On ne peut qu’espérer un sursaut ou de meilleurs résultats lors de l’assemblée générale de TotalEnergies vendredi », a commenté Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance. Elle déplore que Shell « reste le 7e producteur mondial de pétrole et de gaz au monde et continue de développer de nouveaux projets pétroliers ». Le début de l’AG a été mouvementé, des dizaines de manifestants pro-environnement interrompant les discours d’introduction des dirigeants ou chantant « Hit the road, Jack » en remplaçant les paroles par « Go to hell, Shell » (va au diable, Shell).
Des agents de sécurité sont intervenus pour empêcher un manifestant, qui se dirigeait vers l’estrade où parlaient les dirigeants du groupe, d’atteindre le président Andrew Mackenzie. Des dizaines de protestataires ont également été sortis par des agents de sécurité de la salle où se tenait la réunion, l’une semblant s’évanouir, l’autre criant que les trois hommes qui la faisaient sortir lui faisaient mal, rapporte l’agence PA.
Des manifestants d’ONG pro-environnement dont Greenpeace, Tipping Point et Neon ont également manifesté devant le site de l’AG, qui a démarré une heure en retard, à cause des perturbations. BP, lors de son assemblée générale fin avril, a fait face à une part notable d’actionnaires remontés contre sa décision de ralentir sa transition énergétique, mais avait finalement obtenu le soutien d’une large majorité d’entre eux. Celles de Barclays et HSBC avaient également été perturbées, entre autres, car ces banques sont accusées par de nombreuses organisations écologistes de trop financer les extractions d’hydrocarbures polluants.
Shell a enregistré au premier trimestre un bénéfice en progression de 22% sur un an, à 8,7 milliards de dollars, après avoir réalisé en 2022 le bénéfice annuel le plus élevé de son histoire, à 42,3 milliards de dollars. Ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) de bénéfices ce trimestre.