La 27e Conférence des Parties (COP 27) se déroule en novembre prochain, en Égypte. À 100 jours de la COP 27, un état des lieux de la précédente édition à Glasgow s’impose. Que faut-il retenir de la COP 26 ? Retour sur les principaux enjeux de la précédente conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
Tenue à Glasgow, la COP 26 a rassemblé 120 pays avec plus de 40.000 participants inscrits. Parmi ces participants, on compte 22.274 délégués de parties, 12.124 observateurs et 3.886 organismes de presse. Pendant deux semaines de négociation, la question environnementale a été au centre des discussions.
Malgré les accords et les ententes annoncés, il en ressort un bilan plutôt pessimiste de cette conférence. Des personnalités comme le président de la COP 26, Alok Sharma, ou encore Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unis, appellent à davantage agir.
Les principales réalisations de la COP 26
D’une part, le Pacte de Glasgow pour le climat permet de renforcer et d’aligner les ambitions sur les objectifs de l’Accord de Paris. De plus, tous les pays s’engagent à présenter des plans d’action nationaux (NDC). Ces plans sont renforcés pour 2023, et non 2025 comme prévu initialement. Par exemple, l’Inde et le Nigeria s’engagent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2070 et 2060 respectivement.
D’autre part, des décisions sont adoptées pour définir les règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris. Les marchés carbone (VCM) sont réglementés, permettant notamment d’éviter le double comptage des émissions échangées.
Enfin, la COP 26 aborde l’aide pour les pays en développement pour leur transition énergétique et rendre les populations résilientes. Pour cela, il faut que les risques climatiques soient pris en compte dans le budget des États.
L’Afrique du Sud, futur modèle ?
L’Afrique du Sud marque sa présence à la COP 26. L’un des plus grands émetteurs de carbone au niveau mondial, obtient un partenariat de 8,5 milliards avec les États-Unis et les pays européens. Ce plan vise à soutenir sa transition énergétique, en sortant du charbon.
Le plan se nomme « Just Energy Transition Partnership », d’un montant de 8,5 milliards de dollars. Ce plan se déroule sur une période estimée entre 3 à 5 ans. Si ce plan fonctionne, l’Afrique du Sud deviendrait un modèle de développement pour ses homologues africains.
En 2020, le charbon est à l’origine de 86% de l’électricité sud africaine. La moyenne mondiale est de 34%. À titre de comparaison, l’Inde ne produit que 71% de son électricité à partir du charbon.
La capacité de production du charbon sud-africain est de 42 GW. Bien que l’entreprise énergétique publique sud africaine soit lourdement endettée, Eskom prévoit le retrait jusqu’à 30% de sa flotte de charbon (12 GW) d’ici 2031.
Actuellement, l’entreprise n’est plus en mesure de répondre à la demande. Le service public annonce, au début de l’hiver 2022, des pannes de courant continues pouvant durer jusqu’à 100 jours. En juin dernier, on compte un déficit d’approvisionnement en électricité de 6.000 MW. Cela correspond à environ 20% de la demande en soirée, lors des heures de pointe.
Si le département sud africain de l’environnement continue de maintenir les limites d’émission, des centrales de 16 GW d’Eskom seront fermées immédiatement.
En outre, l’IEA est optimiste pour le futur énergétique de l’Afrique du Sud si les investissements dans les énergies renouvelables suivent. La construction actuelle de nouvelles centrales au charbon avec plus de 3 GW entrave cet objectif pour le pays. Il y a également des centrales supplémentaires de 1,8 GW qui sont en phase de pré-permis.
Les énergies renouvelables, la seule option viable en Afrique du Sud
Toutefois, la transition énergétique sud africaine se révèle plus coûteuse par rapport au montant prévu par le plan conclu lors de la COP 26. Selon Carbon Tracker, l’Afrique du Sud a besoin de davantage de financements pour assurer complètement sa transition énergétique.
D’après une déclaration du PDG d’Eskom, il faudrait entre 30 et 35 milliards de dollars sur 15 ans pour pouvoir fermer les centrales au charbon et passer aux énergies renouvelables.
Par ailleurs, le vieillissement croissant des centrales au charbon d’Eskom est à l’origine de nombreuses pannes de courant en Afrique du Sud. S’ajoute à cela, une technologie utilisée de chaudière sous-critique qui est moins efficace et plus polluante. Cette technologie représente 90% des centrales en exploitation. D’après l’entreprise énergétique sud-africaine, 20 milliards de dollars sont nécessaires pour moderniser ses installations.
Pour Carbon Tracker, il est évident que le financement d’une source polluante telle que le charbon n’est pas viable sur le long terme. Les centrales à charbon coûtent 46 $/MWh contre 41 $/MWh pour les centrales solaires. De plus, l’exploitation de l’énergie solaire est moins chère que celle des centrales au charbon. Les coûts solaires prévoient de baisser pour atteindre 36 $/MWh d’ici 2025. À cette période, les coûts du charbon sont estimés à 55 $/MWh.
Sortir des énergies fossiles
Pour la première fois, les États parties ont mentionné explicitement leur intention d’abandonner les combustibles fossiles. Pour rappel, ces combustibles (charbon, pétrole, gaz) sont à l’origine de 75% des émissions de GES. Dans une disposition, les pays ont prévu de réduire progressivement l’électricité produite par ces sources ainsi que la suppression croissante des subventions dites « inefficaces » aux combustibles fossiles.
Parallèlement, près de 40 signataires stopperont leur soutien public direct au secteur de l’énergie fossile d’ici la fin de 2022. Parmi les signataires, on compte les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore la Banque européenne d’investissement (EIB). Les pays asiatiques tels que la Chine ou le Japon sont les grands absents de cet engagement, soutenant principalement les projets pétroliers et gaziers. En revanche, ils s’engagent à arrêter le financement du charbon, dans le cadre du G20.
Toutefois, concernant le charbon, le libellé a changé, passant du terme « élimination » à « réduction » progressive. Cette décision compromet en partie l’ambition du projet. Les partisans de ce changement soutiennent que c’est pour éviter toutes contestations judiciaires.
Après les États, les sociétés financières gérant 130 milliards de dollars se mobilisent également pour réorienter les flux financiers vers les énergies propres. Représentantes de 40% du capital mondial, ces sociétés jouent un rôle crucial pour réaliser les promesses de zéro net.
Les autres retombées positives de la COP 26
Outre les principales réalisations de la COP 26, de nouvelles ententes et annonces sectorielles voient le jour.
À propos du méthane, plus de 100 pays prévoient de limiter les émissions de 30% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2020. Ces pays représentent 50% des émissions mondiales. Le méthane issu des activités humaines est responsable d’un tiers du réchauffement climatique actuel.
En outre, les États-unis et la Chine font une déclaration conjointe lors de la COP 26 en faveur du climat pour les années 2020. Concrètement, la Chine, un des plus grands émetteurs de la planète, prévoit d’élaborer un plan de réduction de ses émissions de méthane.
Pour les véhicules automobiles, les voitures non électriques ne seraient plus vendues après 2035 pour 33 pays (2040 pour les pays en développement). Ce secteur est actuellement responsable de 10% des émissions mondiales de GES.
Des problèmes persistants
Les COP sont souvent remises en cause pour leur manque d’efficacité. Pour cause, les mêmes problèmes subsistent chaque année. Les États n’agissent pas assez en faveur du climat, comme le montrent les prévisions pessimistes de l’IAE qui déclare:
« [Les États] ne parviendront qu’à limiter les températures à 1,8°C d’ici la fin du siècle ; l’écart est encore plus important si l’on ne tient compte que des promesses à court terme (2,4°C) ou des politiques actuelles (2,7°C). »
En outre, au sein des États parties à la COP 26, les inégalités de développement freinent les progrès mondiaux. Les pays moins développés, victimes principales du dérèglement climatique, émettent moins d’émissions de GES. De même, les pays développés n’ont pas pu remplir l’objectif annuel de 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement. C’est le principal échec de la COP 26.
Durant la pandémie de la COVID-19, les inégalités se sont accentuées, ralentissant les flux financiers publics.
Enfin, l’absence de sanctions, en cas de non-respect, n’oblige pas les États à respecter leurs engagements.
Prochaine étape: la COP 27
La COP 27 se déroulera en Égypte, à Charm el-Cheikh, du 6 au 18 novembre 2022.
En tant que futur pays hôte, l’Égypte souhaite donner l’exemple. Entre 2013 et 2017, le pays a déjà réduit de 60% ses subventions envers les énergies fossiles. De plus, le pays souhaite aller plus loin dans ses engagements climatiques, tout en promouvant les intérêts des pays en développement.
Par ailleurs, des « négociations intermédiaires » à Bonn ont eu lieu début juin pour préparer la COP 27. Les groupes de travail rassemblant 4.000 délégués se réunissent pour discuter des positions en amont de la prochaine conférence.
Les thèmes abordés ont été la réduction des émissions de GES et le renforcement de la solidarité avec les pays vulnérables aux changements climatiques. L’objectif principal reste de ne pas dépasser le seuil de 1,5 °C.
La ministre allemande pour les Affaires européennes et le climat, a déclaré, le 8 juin:
« La crise du climat ne cesse de s’aggraver. Il est grand temps que nous mettions en œuvre les objectifs climatiques définis au niveau international. Les négociations climatiques qui se tiennent à Bonn constituent une étape intermédiaire essentielle à cet effet. Nous souhaitons mettre en place un plan de travail concret pour une meilleure protection du climat et une plus grande solidarité en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique. Les personnes qui souffrent le plus de la crise du climat sont en effet celles qui en sont le moins responsables. »
Ainsi, il reste de nombreux sujets à traiter pour la COP 27. Les observateurs renouvellent leur espoir pour que les États parties soient plus ambitieux pour le climat.
Illustration par Valentina Monaco