La prospection en Mer du Nord subit un désengagement massif de certains grands groupes pétroliers à l’image de JX Nippon. Cela fait écho à la récente Roadmap pour la neutralité carbone publiée par l’IEA. Mais le Royaume-Uni fait de la résistance et octroie de nouveaux permis.
La prospection en mer du Nord intéresse de moins en moins les grands groupes pétro-gaziers
Certaines compagnies pétrolières se désengagent actuellement de la prospection en mer du Nord. Ce, pour se concentrer sur la transition énergétique de leur secteur de prédilection. Les actifs pétroliers et gaziers sont ainsi petit à petit revendus à des entreprises privées. Celles-ci considérant pouvoir exploiter les réserves restantes de manière plus rentable.
L’un des plus grands exploitants se désengage
Présent dans le bassin depuis 2002, JX Nippon a multiplié les demandes d’exploration et les achats de nouveaux champs. Aujourd’hui, il participe à certaines des plus grandes exploitations en Mer du Nord. Mais le groupe souhaite aujourd’hui vendre ses actifs pétro-gaziers.
La vente comprend notamment les projets Andrew (pétrole), Mariner (pétrole) et Culzean (gaz). Ces derniers représentent 300 millions de barils de réserves, soit environ 5% des besoins gaziers de la Grande-Bretagne. En 2018, avant l’exploitation de Marinier et Culzean, les champs de JX Nippon produisaient 6500 barils journaliers d’équivalent pétrole.
Une vente d’actifs qui pourrait culminer à $1,5 milliard
JX Nippon a embauché Bank of America et Kirk Lovegrove, comme conseillers pour la vente de ses nombreux actifs. Certains estiment que l’accord final pourrait atteindre $1,5 milliard, tant les champs de JX Nippon sont importants. De même, BP a vendu sa participation dans le champ Shearwater à l’entreprise Tailwind, pour une somme non divulguée.
BP comme JX Nippon apparaissent ainsi en cours de restructuration mondiale. Le désengagement de la prospection en Mer du Nord s’inscrit dans la lignée de la transition énergétique.
Le pétrole et le gaz : « investissements indésirables » selon l’IEA
L’Agence internationale de l’énergie (IEA) a récemment publié son scénario choc et ses recommandations pour atteindre des émissions totalement décarbonées d’ici 2050. En présentation de la Net Zero by 2050, A Roadmap for the Global Energy, le directeur exécutif de l’IEA, Fatih Birol, a notamment qualifié le pétrole et le gaz « d’investissements indésirables ».
Cette feuille de route, sera en outre soumise aux dirigeants en prévision de la COP26 à Glasgow en novembre 2021.
Le gouvernement britannique octroie encore des permis d’exploration
La principale recommandation de l’IEA est donc de mettre un terme aux investissements dans les combustibles fossiles. Alors que le Royaume-Uni apparaît sur la bonne voie de la transition, ce rapport émet néanmoins un avertissement. Récemment, le gouvernement britannique a été accusé de ralentir la fermeture d’une mine de charbon néfaste pour l’environnement.
Plus encore, un accord conclu en mars 2021 permet au gouvernement britannique d’octroyer de nouvelles licences pétrolières en mer du Nord. Le Royaume-Uni a ainsi attribué de nombreux permis d’explorations offshore, qu’il refuse d’interrompre. Les explorations interrompues au cours du mois de mars 2021 pour des raisons techniques devraient par ailleurs reprendre prochainement.
« Éliminer progressivement les énergies fossiles internationales »
« Toutes les futures licences ne sont accordées que parce qu’elles sont conformes aux grandes ambitions du gouvernement en matière de changement climatique, y compris l’objectif du Royaume-Uni d’atteindre le zéro net d’ici 2050 », précise le Département britannique des Affaires, de l’Energie et de la Stratégie Industrielle.
Le Royaume-Uni autorise ainsi la prospection en mer du Nord en échange de promesses de réduction des émissions. L’organisme industriel du pétrole et du gaz au Royaume-Uni (OGUK) est en accord avec les déclarations de l’IEA. Parallèlement, la poursuite de l’exploration sous le contrôle gouvernemental semble essentielle à l’économie britannique actuelle.
« Arrêter l’exploration locale serait un désavantage majeur pour la transition énergétique en cours, complète ainsi le directeur du développement durable d’OGUK, Mike Tholen.
Finalement, le Royaume-Uni et les pays du G7 partagent un grand nombre des priorités énoncées dans le rapport de l’IEA. Mais selon leurs dires, l’élimination des énergies fossiles doit néanmoins se faire progressivement, et à un rythme adapté aux situations locales.