Henri Proglio, PDG d’EDF de 2009 à 2014, est accusé de favoritisme pour avoir conclu 44 contrats de consulting sans mise en concurrence, pour un montant total de 22 millions d’euros. Le PNF (parquet national financier) estime que ces contrats auraient dû faire l’objet d’un appel d’offres. Ces contrats, rémunérant divers consultants pour des missions de « conseil en communication », « gestion des risques » ou « lobbying », ont été conclus de gré à gré.
La défense de Proglio
Proglio a déclaré que les montants en question étaient négligeables comparés aux revenus de l’entreprise, qui se chiffraient en centaines de milliards. Il a soutenu qu’à son arrivée à EDF, il avait cherché à renforcer la probité des contrats de consulting et à en réduire le nombre. Il avait demandé à un collaborateur de rédiger une note pour cadrer le processus, recommandant de contourner la direction des achats et de choisir les consultants pour leur notoriété.
Des contrats contestés
Un des contrats contestés concerne Claude Allègre, payé 336 000 euros pour du lobbying pro-nucléaire. Proglio a justifié ce choix par la réputation et la crédibilité d’Allègre dans le domaine nucléaire. Le procureur a rétorqué que la loi exige un appel d’offres pour vérifier si d’autres personnes possèdent les compétences requises.
L’affaire Benedetti
Un autre contrat controversé implique Alessandro Benedetti, payé 4 millions d’euros pour avoir aidé EDF à racheter l’électricien italien Edison. Proglio a expliqué que Benedetti était essentiel pour sa connaissance du dossier et ses relations en Italie, ajoutant que faire appel à une banque d’affaires aurait coûté 160 millions d’euros.
Des soupçons de dissimulations
Le président du tribunal, Benjamin Blanchet, a questionné Proglio sur la possible dissimulation de certains contrats, notamment ceux portant sur des missions sensibles comme ses chances d’être reconduit dans ses fonctions. Proglio a nié toute tentative de dissimulation, affirmant qu’il n’a rien cherché à cacher.
Mémo controversé
Un mémo retrouvé chez Anne Méaux, patronne de l’agence de communication Image7, suggère que les consultants auraient été recrutés pour promouvoir les intérêts personnels de Proglio. Il mentionne également qu’un journaliste aurait été payé par EDF pour enterrer un livre sur Rachida Dati. Proglio a qualifié ces allégations de « n’importe quoi » et « à dormir debout ».
Le procès, qui se poursuit jusqu’au 30 mai, entendra également les témoignages de 11 personnes accusées de recel de favoritisme pour avoir perçu plus de 400 000 euros. Proglio, qui risque deux ans de prison et 200 000 euros d’amende, continue de clamer son innocence.