Le spécialiste français du cycle de l’uranium, Orano, a annoncé avoir obtenu un prêt de 400 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI). Ce financement est destiné à soutenir l’extension de l’usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse II, située sur le site du Tricastin, dans les départements de la Drôme et du Vaucluse. L’objectif de ce projet est d’accroître de 30 % la capacité d’enrichissement de l’usine d’ici à 2028, portant ainsi sa production annuelle à environ 10 millions d’unités de travail de séparation (SWU).
L’investissement total pour cette extension est estimé à 1,7 milliard d’euros, dont une partie est couverte par le prêt de la BEI. Ce projet prévoit la construction de quatre nouveaux modules d’enrichissement, s’ajoutant aux quatorze modules existants. Cette expansion vise à répondre à la demande croissante en uranium enrichi, notamment de la part de pays cherchant à diversifier leurs sources d’approvisionnement en raison des tensions géopolitiques actuelles.
Contexte géopolitique et stratégique
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a mis en lumière la dépendance de nombreux pays occidentaux à l’égard de l’uranium enrichi russe. Rosatom, l’agence fédérale russe de l’énergie atomique, contrôle environ 45 % du marché mondial de l’enrichissement de l’uranium. Cette situation a incité des acteurs comme Orano à augmenter leurs capacités de production pour renforcer l’indépendance énergétique de leurs clients.
Rôle de la BEI dans le financement du nucléaire
La BEI, considérée comme le bras financier de l’Union européenne, n’avait pas financé de projets nucléaires en France depuis 2008. L’approbation de ce prêt à la majorité de son conseil d’administration marque un changement notable, reflétant une reconnaissance accrue du rôle de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique.
Selon Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, ce financement « contribue à l’indépendance énergétique européenne ». Il souligne également que les énergies décarbonées sont essentielles pour permettre à l’Union européenne d’atteindre ses objectifs de neutralité climatique d’ici 2050.