Des représentants du milieu syndical, communautaire et citoyen se sont réunis à Saint-Jean-sur-Richelieu pour protester contre le projet de loi 69, porté par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Cette initiative législative, intitulée Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques, remet en cause le monopole d’Hydro-Québec sur la production, le transport et la distribution de l’électricité, ouvrant potentiellement la voie à une plus grande implication du secteur privé.
Réactions syndicales face à l’ouverture du marché
Selon Patrick Gloutney, président du Syndicat canadien de la fonction publique – Québec (SCFP-Québec), la perte du monopole d’Hydro-Québec pourrait engendrer une hausse des coûts de production, avec des répercussions directes sur les factures d’électricité des consommateurs. Il affirme que la mesure met en péril un service jugé essentiel. À l’heure actuelle, un ménage québécois sur sept rencontre déjà des difficultés à payer ses factures d’électricité, selon les données relayées par les associations locales.
Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale du Nord de Montréal (ACEF), critique la logique économique du texte législatif. Elle estime que le projet de loi fait des tarifs résidentiels le principal levier de financement de la transition énergétique, ce qu’elle qualifie d’inéquitable. Les protestataires dénoncent par ailleurs une orientation industrielle privilégiant les besoins des entreprises au détriment de ceux des ménages.
Accès inégal aux processus décisionnels
La coordination d’Attac Québec, par la voix de Sophie Thiébaut, met en avant l’influence des groupes de pression privés dans la genèse du projet. Elle cite les informations accessibles via le registre public « Carrefour Lobby », soulignant un déséquilibre dans l’accès aux décideurs. En parallèle, les participants rappellent que la promesse d’une consultation publique sur la planification énergétique, faite par le Premier ministre François Legault lors de sa campagne électorale de 2022, n’a pas été tenue.
Louise Morand, représentante du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVÉQ), insiste sur la nécessité d’un débat démocratique élargi afin d’aborder l’avenir énergétique de manière inclusive. Les opposants au texte appellent le gouvernement à revoir sa stratégie, en instaurant un cadre de concertation ouvert et transparent, susceptible d’intégrer les enjeux sociaux, économiques et sanitaires liés à la réforme.