La Commission européenne reporte à mi-janvier sa proposition de liste d’investissements « verts » indique le commissaire français Thierry Breton qui anticipe l’inclusion du gaz naturel et du nucléaire dans la taxonomie européenne.
L’UE retarde sa taxonomie verte de quelques jours
Attendue initialement d’ici à la fin de l’année, cette classification (taxonomie verte) ouvrira l’accès à la finance verte et aux subventions, donnant un net avantage compétitif aux filières reconnues.
C’est notamment un enjeu crucial pour le coûteux renouvellement du parc nucléaire français. Également pour les pays de l’Est, qui misent sur leurs investissements dans le gaz pour réduire leur dépendance au charbon.
« Nous sommes très proches de la finalisation de notre travail sur l’acte délégué (de la taxonomie) qui inclura à la fois le gaz et le nucléaire », affirme le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton dans un entretien au quotidien allemand Die Welt.
Le commissaire précise que la Commission a encore besoin de 10 jours à deux semaines. D’autant que le sujet fait l’objet de vifs débats entre les 27 pays membres de l’UE.
Division entre pro- et anti-nucléaire
Une dizaine de pays, France en tête, faisant la promotion active du nucléaire face à des États très réticents à l’atome civil comme l’Allemagne ou le Luxembourg.
Réclamée par une partie des États, l’inclusion du gaz naturel au titre d’énergie de transition est par ailleurs repoussée par d’autres au vu des émissions dégagées par cette énergie fossile, pour laquelle l’UE reste en outre très dépendante de la Russie.
« Le gaz n’est certainement pas idéal pour parvenir à la neutralité carbone de l’UE, mais c’est quand même meilleur que le charbon » en termes d’émissions carbone fait valoir Thierry Breton à Die Welt. « Il faut être pragmatique: nous aurons besoin à la fois du gaz et du nucléaire pour concrétiser nos objectifs climatiques pour 2030 et 2050 », poursuit-il.
De profonds désaccords
Un sommet des chefs d’État et de gouvernement européens jeudi 16 décembre 2021 a cependant révélé de profonds désaccords au sein des 27 pays membres.
Élaborer la taxonomie « n’est pas une responsabilité (des États), mais ce n’est pas un secret que les divergences sont fortes (…) Nous avons constaté qu’un compromis restait impossible pour le moment, nous nous donnons davantage de temps », reconnaissait le président du Conseil européen Charles Michel.