L’Espagne Valide son Plan d’Économies d’Énergie

En Espagne, le gouvernement de gauche est parvenu à faire valider par les députés son plan d'économies d'énergie.

Le gouvernement de gauche espagnol est parvenu jeudi à faire valider par les députés les mesures d’économies d’énergie qu’il avait prises au début du mois dans le cadre d’un plan européen visant à réduire les importations de gaz russe, notamment la limitation de la climatisation.

Bien que l’exécutif du socialiste Pedro Sánchez ne dispose pas de majorité absolue à la Chambre des députés, ces mesures controversées ont été votées à une large majorité, par 187 voix contre 161 (celles des partis de droite) et une abstention.

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Un rejet de ce décret-loi par les députés aurait constitué un revers cinglant pour M. Sánchez, notamment vis-à-vis de la Commission européenne, dont la présidente, Ursula von der Leyen, avait apporté un soutien appuyé à la décision de Madrid de limiter le recours à la climatisation.

Il aurait surtout entraîné le retrait immédiat de ces mesures, qui, pour la plupart, sont entrées en vigueur le 10 août.

La période que traverse actuellement l’Europe “exige responsabilité et solidarité”, a déclaré à la presse après le vote la ministre des Transports, Raquel Sánchez. “C’est ce que fait le gouvernement espagnol”.

Les principales mesures portent sur la limitation de la climatisation à 27°C dans les espaces commerciaux, les établissements culturels (cinémas, théâtres) et les infrastructures de transports, comme les aéroports ou les gares. De même, ces lieux devront limiter le chauffage à un maximum de 19°C cet hiver.

Le texte stipule également que les lumières des vitrines des magasins et l’éclairage des bâtiments publics doivent être éteints à partir de 22H00.

En outre, les locaux climatisés ou chauffés auront l’obligation d’installer d’ici au 30 septembre un mécanisme assurant la fermeture automatique de leurs portes afin d’éviter le gaspillage énergétique. À ce stade, aucune mesure ne s’applique aux personnes privées dans le cadre de leur vie quotidienne.

Fin juillet, les pays de l’UE se sont engagés à faire “tout (leur) possible” pour réduire leur consommation de gaz d’au moins 15% entre août 2022 et mars 2023 par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.

“Exception ibérique”

L’objectif est de réduire autant que possible et le plus rapidement possible la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe, mise en évidence de manière spectaculaire depuis le début de la guerre en Ukraine.

Mettant en avant leur plus faible niveau de connexion énergétique avec le reste du continent, l’Espagne et le Portugal avaient obtenu de Bruxelles que leur objectif soit une baisse de seulement 7% au nom de “l’exception ibérique”.

Contrairement à d’autres pays de l’UE comme l’Allemagne, le gaz russe ne représente qu’une partie relativement faible des besoins de l’Espagne, mais M. Sánchez a pour ambition d’accroître le profil de Madrid au sein de l’UE en montrant l’exemple. D’autant que l’Espagne présidera l’UE au second semestre de l’an prochain.

Les mesures validées jeudi par le Parlement sont la première partie d’un plan plus vaste “d’urgence énergétique” que le gouvernement doit présenter prochainement.

Le Parti populaire (PP, conservateur), principale formation d’opposition, a justifié sa décision de voter “non” en accusant le gouvernement d’avoir décidé ces mesures sans consultation et d’avoir opté pour des mesures coercitives au lieu de simples recommandations.

Mais le gouvernement est parvenu à convaincre plusieurs petites formations nationalistes de soutenir ce paquet de mesures, notamment en acceptant de soumettre de nouveau ce texte au Parlement en tant que projet de loi, ce qui permettra aux partis d’introduire des amendements, alors que le décret-loi ne pouvait pas être modifié.

En outre, le pouvoir a eu recours à une technique parlementaire éprouvée dite de “l’omnibus”, qui consiste à regrouper des mesures n’ayant rien à voir les unes avec les autres, afin de rendre le rejet de l’ensemble du texte coûteux politiquement.

Les mesures d’économie d’énergie ne constituaient ainsi qu’une toute petite partie du décret-loi, la majeure partie étant consacrée à des aides sociales au secteur du transport, avec notamment des abonnements gratuits pour les utilisateurs de certains transports publics (trains de banlieue par exemple), mais aussi des bourses aux étudiants.

Mme Sánchez a précisé que 400.000 personnes s’étaient déjà inscrites sur le site web de son ministère pour bénéficier de ces titres de transport gratuits.

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