Les données publiées le 10 juillet par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) montrent que l’Adaptation Fund, le Climate Investment Funds, le Global Environment Facility et le Green Climate Fund ont engagé près de huit bn USD dans des projets d’énergie propre entre 2015 et 2024. Plus de quatre-vingt-quinze % de ces fonds visaient les économies émergentes et en développement. En valeur absolue, la production d’électricité a capté environ les deux tiers des engagements, le solde se répartissant entre les réseaux, le stockage et les usages finals. Cet afflux de capitaux concessionnels répond à la nécessité de réduire les risques dans des marchés caractérisés par des structures de coûts volatiles et des taux d’intérêt élevés.
Des instruments différenciés
L’Adaptation Fund et le Global Environment Facility financent presque exclusivement leurs projets par des subventions, conformément à leur mandat axé sur les petites initiatives à haut risque. Le Climate Investment Funds, en revanche, a recours aux prêts pour environ 85 % de son portefeuille, tandis que le Green Climate Fund combine prêts, capitaux propres et subventions afin de soutenir des opérations de plus grande envergure. Ce mélange d’instruments permet d’ajuster le niveau de concessionnalité aux besoins de chaque marché et d’attirer des investisseurs tiers. Les portefeuilles reflètent ainsi des stratégies distinctes, mais complémentaires, pour étendre la portée géographique des projets.
Le programme Climate Investor One illustre l’effet de levier obtenu : une tranche de première perte de cent mn USD fournie par le Green Climate Fund a permis à la Banque néerlandaise de développement entrepreneurial de mobiliser environ huit cent trente mn USD supplémentaires auprès de sources publiques et privées dans onze pays. Selon l’AIE, chaque dollar concessionnel du Clean Technology Fund devrait attirer environ deux virgule cinq dollars privés. Cette structure à fort effet catalyseur réduit le coût moyen du capital et accélère la clôture financière d’installations totalisant plus d’un gigawatt de capacité renouvelable.
Des écarts régionaux persistants
L’Afrique a reçu un quart des allocations totales, mais seulement cinquante-six % sous conditions concessionnelles, contre plus de soixante-dix % en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. Les primes de risque élevées, la faible profondeur des marchés financiers et la volatilité des devises freinent encore la diffusion de capitaux à coût modéré sur le continent. Pour pallier ces obstacles, le projet Desert to Power G5 Sahel Facility concentre deux cents mn USD de prêts et de subventions sur l’extension des réseaux et des batteries au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger. Les partenaires espèrent ainsi créer un précédent pour l’investissement privé dans les infrastructures de transport d’électricité.
La part dédiée au solaire et à l’éolien est tombée sous cinquante % des engagements en 2024, laissant davantage de ressources aux réseaux, au stockage et aux usages finals. Les financements destinés aux bâtiments, aux transports et à l’industrie ont progressé de trois % en 2015 à trente-six % l’an dernier, portés par les stratégies d’électrification des parcs de bus et par les programmes d’efficacité énergétique. Les réseaux et le stockage ne représentaient toutefois que trois % des flux, signalant un besoin d’incitations financières plus ciblées pour améliorer la fiabilité du système électrique.
Réformes de procédure en cours
À la suite d’une déclaration commune lors de la COP28, les quatre fonds œuvrent à l’harmonisation des critères d’évaluation et des indicateurs de performance afin de raccourcir les délais d’approbation. Depuis 2015, environ un virgule deux bn USD ont été alloués à l’assistance technique et aux programmes de préparation de projets, avec l’objectif de constituer des portefeuilles bancables alignés sur les contributions déterminées au niveau national. Les gestionnaires de fonds estiment qu’un cadre unifié pourrait réduire de quinze % les coûts de transaction et accroître la participation d’investisseurs institutionnels.
Des exemples récents mettent en lumière les retombées sociales de ces financements. Aux Philippines, un projet de l’Adaptation Fund déploie des systèmes de dessalement alimentés par l’énergie solaire pour garantir l’approvisionnement en eau dans la province de Tawi-Tawi. En Éthiopie, des pompes photovoltaïques installées en 2022 irriguent désormais six zones agricoles vulnérables, améliorant la résilience face à la variabilité climatique. « La finance concessionnelle reste indispensable pour absorber les risques dans les marchés naissants », a déclaré la directrice exécutive du Green Climate Fund le 14 février.