Petroecuador, la compagnie pétrolière publique équatorienne, a déclaré mardi l’état d’urgence sur son principal oléoduc après une fuite importante de pétrole brut survenue le 13 mars. Cette fuite, causée par un glissement de terrain, a libéré un nombre estimé de 200.000 barils de pétrole dans plusieurs rivières, dont le fleuve Esmeraldas, ainsi que sur la côte pacifique du pays. En conséquence, la compagnie a suspendu ses exportations de pétrole brut de la variété Oriente, l’un des deux types de brut produits par l’Equateur, invoquant la force majeure pour éviter d’éventuelles sanctions contractuelles.
Impact environnemental et humain
La pollution générée par cette fuite a gravement affecté l’approvisionnement en eau potable de milliers de personnes vivant dans le nord-ouest du pays. Selon les autorités locales, près de 500.000 personnes sont touchées par cette contamination. Des rivières, notamment les cours d’eau Caple et Viche, sont désormais impraticables pour les habitants, les deux cours d’eau étant contaminés par un mélange de pétrole et d’eau. La situation est d’autant plus préoccupante que cette région dépend largement de l’eau de ces rivières pour la consommation domestique et les activités économiques, notamment la pêche.
Répercussions sur la biodiversité locale
L’incident a également des conséquences sévères pour la biodiversité locale. Les autorités ont déclaré l’état d’urgence environnementale dans la province d’Esmeraldas, particulièrement dans une zone protégée qui abrite une faune variée, incluant des espèces menacées telles que les loutres et les singes hurleurs. Le biologiste marin Eduardo Rebolledo a indiqué que la contamination des rivières a supprimé toute forme de vie aquatique, une situation préoccupante pour les écosystèmes locaux. Les autorités ont également alerté sur la dégradation des conditions de pêche, essentielle à la subsistance de milliers de familles locales.
Mesures prises par Petroecuador
En réponse à cette crise, Petroecuador a activé un plan d’intervention pour stopper la fuite et récupérer le pétrole déversé. Des camions-citernes ont été déployés dans la région de Quinindé pour collecter le pétrole, tandis que trois navires transportant de l’eau potable devraient être envoyés au port d’Esmeraldas pour répondre aux besoins en eau des populations touchées. La compagnie a précisé que l’état d’urgence devrait durer moins de 60 jours, le temps d’allouer les ressources nécessaires pour limiter l’impact sur l’exploration, l’exploitation et la commercialisation des hydrocarbures.
Conséquences économiques sur le secteur pétrolier
Cette fuite intervient alors que l’Equateur produit environ 475.000 barils de pétrole par jour, faisant de l’or noir l’une de ses principales sources de revenus. En 2024, le secteur pétrolier équatorien a rapporté près de 8,6 milliards de dollars. Si la situation perdure, les revenus liés à l’exportation de pétrole pourraient être affectés à court terme, menaçant l’économie locale et la stabilité des finances publiques.