Le parc éolien de Saint-Imier, le plus grand de Suisse, compte seulement 16 turbines, un chiffre modeste comparé à d’autres pays européens. Pourtant, la Suisse ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici 2050, nécessitant une augmentation significative des énergies renouvelables, actuellement dominées par l’hydroélectricité (56,6%) et le nucléaire (32,4%). L’énergie solaire se développe également rapidement en Suisse, comme en témoigne les installations de la ville de Cressier.
Un référendum controversé
Une nouvelle loi, adoptée en 2023, vise à accélérer le développement des énergies renouvelables. Cependant, des organisations environnementales ont initié un référendum, craignant un « saccage inutile de paysages ». Elles sont soutenues par l’Union Démocratique du Centre (UDC), qui défend le nucléaire comme garantie de sécurité d’approvisionnement. Yvan Pahud, député UDC, souligne le caractère fluctuant des énergies renouvelables et leur impact sur le paysage alpin. Le nucléaire, comme dans de nombreux pays européens, constitue en Suisse un point de dissension politique majeur dans le domaine énergétique.
À l’origine du référendum, Pierre-Alain Bruchez critique le projet Grengiols-Solar, qui prévoit d’installer 230 000 modules solaires à 2 500 mètres d’altitude dans le Valais. Il prône plutôt l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments existants pour éviter de « sacrifier la nature sur l’autel du changement climatique ».
Des perspectives de développement
La loi propose d’augmenter la production hydraulique, éolienne et solaire, en facilitant la planification de grandes installations. Toutefois, Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber, estime que cette loi affaiblit la protection de la nature en Suisse. Le gouvernement admet que les recours contre les projets énergétiques auront probablement moins de chances de succès, mais rappelle que des protections subsistent pour les biotopes d’importance nationale et les réserves d’oiseaux migrateurs.
En parallèle, 15 projets hydroélectriques ont reçu le soutien de WWF et Pro Natura, deux ONG environnementales. WWF souligne que 80% du développement des énergies renouvelables se fera sur les bâtiments existants, avec des mesures contre le gaspillage d’électricité.
Les enjeux économiques et écologiques
La condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour inaction climatique a suscité une prise de conscience nationale. Un sondage récent montre que 73% des Suisses soutiennent la nouvelle loi. Greenpeace Suisse, parmi d’autres ONG, insiste sur la nécessité de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées de pays non démocratiques.
Jacqueline de Quattro, députée libérale-radicale, rappelle la responsabilité des Suisses qui veulent plus de confort électrique. Elle plaide pour une acceptation des infrastructures renouvelables visibles, comme les éoliennes et les panneaux solaires, pour répondre aux besoins énergétiques croissants. Elle critique également la lenteur des procédures administratives et appelle à une clarification législative pour définir les zones de production énergétique.
Ainsi, la Suisse se trouve à la croisée des chemins. Le référendum sur les énergies renouvelables représente un moment crucial dans la transition énergétique du pays, soulignant la tension entre développement durable et préservation des paysages naturels.