Les autorités de Guinée équatoriale ont décidé d’augmenter les prix du carburant à la pompe, avec des hausses de 10 % pour le gazole et de 30 % pour l’essence, selon un décret présidentiel publié à Malabo. Cette mesure marque la première révision tarifaire depuis 2007, une période durant laquelle les prix étaient restés figés malgré les mutations structurelles du secteur énergétique national.
Le décret indique que les anciens tarifs exerçaient une pression croissante sur l’exécution des budgets généraux de l’État. Le prix de l’essence passe ainsi de 495 à 645 francs CFA (de €0,75 à €0,98), tandis que le gazole grimpe de 470 à 520 francs CFA (de €0,72 à €0,79). Le carburant JET-A1, destiné aux compagnies aériennes nationales, connaît une hausse de près de 35 %, passant de 430 à 580 francs CFA le litre.
Un secteur énergétique sous tension
La date d’entrée en vigueur de ces nouveaux prix sera fixée par arrêté du ministère des Hydrocarbures et du Développement minier. Le gouvernement a toutefois introduit une mesure compensatoire avec des subventions destinées aux usages domestiques, applicables dans la limite de 100 litres par véhicule, par personne et par jour. Pour le pétrole destiné aux lampes et réchauds, la limite est fixée à 40 litres.
Des aides directes sont également prévues pour les opérateurs de transports publics afin de contenir une éventuelle hausse du coût du transport collectif. Ces mesures interviennent dans un contexte économique tendu pour le pays, largement tributaire de ses ressources pétrolières.
Pression budgétaire et recul des exportations
Entre 2018 et 2022, les revenus issus du secteur pétrolier représentaient 81,5 % des recettes budgétaires et 94,1 % des exportations nationales, selon les données de la Banque mondiale. Toutefois, le vieillissement des champs pétroliers a entraîné une chute des exportations: le pétrole brut est passé de 13,2 millions de tonnes en 2014 à 5,4 millions en 2022, tandis que le gaz, notamment le méthanol, a suivi une trajectoire similaire.
Cette baisse de la production a eu un impact direct sur l’économie nationale, dont le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 2,8 % par an en moyenne entre 2015 et 2022. La production de pétrole brut a diminué de 143 800 à 108 800 barils par jour entre 2020 et 2022, aggravant la dépendance du pays aux importations de produits raffinés, la Guinée équatoriale ne disposant pas de raffinerie nationale.