La Corée du Sud a indiqué que la Corée du Nord possède environ 2 000 kilogrammes d’uranium enrichi à plus de 90%, une quantité suffisante pour la fabrication de plusieurs dizaines d’armes nucléaires. Cette évaluation repose sur les analyses de la Fédération des scientifiques américains (FAS), citées par le ministre sud-coréen de l’Unification, Chung Dong-young. Il a précisé que cet uranium atteint le seuil d’enrichissement défini comme « qualité militaire », utilisé exclusivement dans le développement d’ogives atomiques.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) considère qu’il faut environ 42 kilogrammes d’uranium hautement enrichi pour produire une seule arme nucléaire. Le stock estimé du Nord permettrait ainsi la production théorique de près de 50 bombes, selon les normes techniques de l’organisation. À titre de comparaison, l’Iran détenait environ 400 kilogrammes d’uranium enrichi à 60% avant le conflit ouvert avec Israël en juin, selon des sources gouvernementales.
Les centrifugeuses nord-coréennes en activité sur quatre sites
Le ministre sud-coréen a ajouté que les centrifugeuses utilisées pour l’enrichissement de l’uranium fonctionnent actuellement sur quatre sites distincts en Corée du Nord. L’un d’entre eux se trouve sur le complexe nucléaire de Yongbyon, présenté comme démantelé en 2018, mais selon l’agence de renseignement sud-coréenne, il aurait été remis en service en 2021. Pyongyang n’a jamais rendu publiques les capacités exactes de ses installations nucléaires.
Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen réalisé en 2006, le pays est sous le coup de sanctions internationales imposées par les Nations unies. Malgré cela, les données actuelles montrent une progression continue du programme nucléaire. Séoul s’inquiète désormais d’une accélération dans la production de matières fissiles, non seulement en termes de quantité, mais aussi de capacité à produire rapidement plusieurs ogives.
Vers un changement d’approche diplomatique entre les deux Corées
Le président sud-coréen Lee Jae-myung, entré en fonction en juin, a exprimé son intention de sortir de la stratégie d’hostilité ouverte avec Pyongyang, en rupture avec la politique de son prédécesseur Yoon Suk Yeol. Dans une allocution à l’ONU, il a déclaré vouloir rompre le « cercle vicieux » des tensions militaires sur la péninsule, tout en affirmant ne pas chercher à provoquer un changement de régime au Nord.
Du côté nord-coréen, Kim Jong Un a indiqué être prêt à engager des discussions bilatérales avec les États-Unis, à condition que son arsenal nucléaire ne soit pas remis en question. Cette position complique toute perspective de démilitarisation complète dans l’immédiat. Séoul juge toutefois urgente une reprise du dialogue, considérant que les sanctions et l’isolement diplomatique n’ont pas empêché la croissance du programme nucléaire nord-coréen.