L’Union européenne a lancé mercredi son premier appel d’offres international pour des achats groupés de gaz, couvrant la demande agrégée d’environ 80 entreprises européennes, de façon à obtenir de meilleurs prix pour reconstituer les stocks avant l’hiver 2023-2024.
Ce mécanisme fait partie des mesures adoptées l’an dernier par les Vingt-Sept pour répondre à la crise énergétique provoquée par l’envolée des cours du gaz à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la réduction drastique des approvisionnements de gaz russe. « C’est une étape historique: nous tirons parti du poids économique collectif de l’UE pour accroître notre sécurité énergétique et lutter contre les prix élevés du gaz », a souligné le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic.
Pour ce premier appel d’offres, qui couvre des livraisons attendues entre juin 2023 et mai 2024, 77 entreprises européennes ont soumis leurs demandes pour un volume total d’environ 11,6 milliards de m3 de gaz, dont 2,8 de gaz naturel liquéfié (GNL) et 9,6 pour livraison par gazoduc. Les fournisseurs internationaux de gaz, hors Russie, sont désormais invités à répondre à cette demande agrégée en soumettant leurs offres d’ici le 15 mai. Les meilleures seront ensuite transmises aux entreprises clientes pour faire l’objet de discussions commerciales jusqu’à conclusion de la transaction.
La plateforme pilotée par Bruxelles aide les entreprises européennes, en particulier dans les industries énergivores, à « nouer de nouvelles relations commerciales avec des fournisseurs alternatifs » à l’heure où l’UE chercher à se défaire de sa dépendance au gaz russe, insiste M. Sefcoviv. Elle permet notamment à de petites entreprises isolées d’obtenir ensemble une visibilité et un poids accrus sur le marché de l’énergie. De l’autre côté, le mécanisme « offre aux fournisseurs internationaux l’opportunité d’élargir leur clientèle », a poursuivi le commissaire, soulignant le « robuste intérêt » suscité avec une centaine de fournisseurs potentiels enregistrés.
De nouveaux appels d’offres interviendront tous les deux mois jusqu’à la fin de l’année, selon Bruxelles. Selon la réglementation finalisée mi-décembre, les États de l’UE doivent participer à ce mécanisme d’agrégation de la demande pour au moins 15% des volumes nécessaires pour atteindre l’objectif de remplissage fixé par l’UE (les Européens sont tenus de remplir 90% de leurs capacités de stockage d’ici novembre).
Ces « achats groupés » européens doivent aussi permettre d’éviter la situation de l’été 2022, où Etats et entreprises s’étaient précipités au même moment sur le marché du gaz pour remplir leurs stocks, alimentant la flambée des cours. Les entreprises de l’UE, mais également des pays de la « Communauté européenne de l’Énergie » (Ukraine, Albanie, Bosnie, Kosovo, Macédoine du nord, Géorgie, Moldavie, Monténégro et Serbie) peuvent y participer pour agréger leur demande.