Le président d’Engie envisage sereinement l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Europe l’hiver prochain malgré l’absence du gaz russe dont le continent était dépendant avant l’invasion de l’Ukraine, a-t-il déclaré dans un entretien à La Tribune mardi.
« A ce stade, nous sommes confiants dans le fait que nous passerons l’hiver prochain sans difficulté majeure. Il faudra parvenir à retrouver les économies d’énergie de l’hiver précédent et être très attentifs à l’accès au GNL », a affirmé Jean-Pierre Clamadieu au journal économique.
Après l’arrêt de l’approvisionnement en gaz russe de l’Europe occidentale par gazoduc, celle-ci est « parvenue à passer l’hiver (…) en grande partie grâce à la réduction de la consommation énergétique, qui a été remarquable: de 13% pour le gaz, hors effet climat pendant l’hiver 2022/2023 », s’est félicité le président de l’énergéticien français. « Pour l’instant, les indicateurs sont au vert. En moyenne, entre 150 et 160 bateaux de GNL débarquent chaque mois en Europe, contre 40 avant la crise », a noté M. Clamadieu. « Nous avons aussi maximisé les capacités d’importation via gazoduc hors Russie, en particulier depuis la Norvège, qui est devenue le premier fournisseur de gaz de l’Europe.
Aujourd’hui, nous sommes à un peu plus de 50% de taux de remplissage des niveaux de stockage européens, du jamais vu. En France, nous sommes autour de 35%. Nous ne sommes pas du tout sous tension », a rassuré le dirigeant. Début avril, les Etats-Unis et l’Union européenne ont indiqué vouloir maintenir à « un niveau élevé » en 2023 les livraisons aux Européens de GNL, dont le doublement en 2022 a aidé les Vingt-Sept à réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes.
Les Etats-Unis ont exporté en 2022 quelque 56 milliards de mètres cubes de GNL vers l’UE, contre 22 milliards en 2021, soit un bond de 140%. Bruxelles avait alors indiqué que les réserves de gaz des Européens étaient remplies à 56%, en accord avec sa prévision d’environ 50% attendue pour la fin de l’hiver, et à un niveau quasiment deux fois plus élevé que celui habituellement observé à cette période de l’année. Les Vingt-Sept se sont fixé comme objectif de remplir leurs réserves à 90% d’ici novembre.