Centrale Nucléaire Fukushima: 10 ans Après

La centrale nucléaire Fukushima revient sur le devant de la scène ce 11 mars 2021. À 11h46, le Japon s’est arrêté en hommage aux victimes.

Partager:

fk

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

La centrale nucléaire Fukushima revient sur le devant de la scène ce 11 mars 2021, 10 ans après la catastrophe. À 11h46, le Japon s’est arrêté en hommage aux 22.000 victimes, commémorant des évènements aux conséquences encore bien présentes. Suite à l’accident, le Japon a voulu se débarrasser définitivement du nucléaire.

Or, le gouvernement actuel est conscient que le pays ne pourra pas décarboner son économie sans l’énergie atomique. En outre, toute la filière nucléaire doit donner, depuis la catastrophe, des gages de sécurité et de contrôle de ses installations. EDF et d’autres s’engagent également dans la poursuite de cet objectif.

Centrale Nucléaire Fukushima : le Japon se rappelle

Le 11 mars 2011, le Japon est frappé par un tsunami provoqué par un tremblement de terre de magnitude 9. Les vagues de plus de 15 mètres inondent la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, seulement résistante à des séismes de magnitude 7, selon l’IAEA. Les systèmes de refroidissement s’enrayent et ne parviennent pas à prévenir la fusion des cœurs entraînant l’explosion des réacteurs à eau bouillante de la centrale.

Plus de 160.000 habitants fuient alors que les radiations se répandant dans l’air et l’eau. Ces déplacements dans la confusion font 2000 nouvelles victimes. Le Premier ministre japonais de l’époque, Naoto Kan, craint même de devoir évacuer les 14 millions d’habitants de Tokyo.

Le Japon marqué pour le reste de son histoire

Le gouvernement japonais devra dépenser 300 milliards USD$ pour reconstruire la région de Tohoku, dévastée par le tsunami. La zone contaminée autour de la centrale nucléaire de Fukushima reste interdite à cause des niveaux de rayonnement élevés. Son démantèlement pose encore beaucoup de questions et devrait durer des décennies.

Depuis l’accident nucléaire de Fukushima, les réacteurs nucléaires sont refroidis avec une eau qui ressort chargée de composants radioactifs. Les eaux contaminées sont ensuite stockées sur le site par la compagnie d’électricité tokyoïte Tepco et ses partenaires, comme Orano. L’eau contaminée , dont le volume atteint déjà un million de mètres cubes, devrait amener les réservoirs à saturation dès 2022.

« Fukushima est marqué pour le reste de son histoire par l’énergie nucléaire » déclare Kiyoshi Kurokawa, responsable de l’enquête sur l’accident nucléaire de fukushima.

En conséquence de l’accident, l’opinion publique rejette massivement cette source énergétique. Les décideurs sont alors confrontés à un dilemme majeur.

nucléaire japonais

Hiroshima, Nagasaki, Daigo Fukuryu, puis Fukushima

Les perspectives d’évolution de l’opinion publique quant au nucléaire restent faibles. En effet, la douloureuse relation que le pays entretient avec l’atome est ancrée dans l’histoire du pays. Les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, puis la contamination de Daigo Fukuryu par des retombées radioactives, constituent des traumatismes historiques durables.

Quelle alternative à la centrale nucléaire Fukushima ?

Le tsunami et l’explosion de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi ont engendré des dégâts persistants. Ceux-ci ont convaincu le gouvernement d’alors que les risques de l’énergie nucléaire dépassent de loin ses avantages. Immédiatement après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le Japon arrête ses 54 réacteurs, dont environ un tiers ont été définitivement mis au rebut.

Le pays décide de se détourner du nucléaire au profit des énergies renouvelables (EnR). La préfecture de Fukushima devient un lieu d’expérimentation pour la transition énergétique, le gouvernement s’associant aux communautés locales et entreprises. En 2012, la préfecture vise 100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici à 2040, atteignant 35 % de son mix énergétique en 2019.

100% d’EnR, une utopie

Malgré les efforts déployés, il semble peu probable que les EnR puissent remplacer le nucléaire dans l’approvisionnement énergétique du pays. En effet, le Japon manque de terres plates pour les panneaux solaires et la profondeur des océans augmente le coût de l’éolien offshore. Selon le ministre de l’Économie, M. Kajiyama, le Japon pourra difficilement couvrir plus de 60% des besoins à partir d’EnR.

Au premier semestre 2020, les EnR fournissaient 23% de l’électricité du pays. Le Japon est donc loin derrière l’Allemagne aussi débarassé du nucléaire, dont le mix énergétique est composé à 46% d’EnR.

fukushima

10 ans plus tard, l’heure du retour de la centrale nucléaire Fukushima ?

Le premier ministre conservateur, Yoshihide Suga, a promis aux japonais la neutralité carbone d’ici à 2050. Or les 70% de combustibles fossiles du mix énergétique du pays, pour l’essentiel importés, font de cet objectif une utopie. Pour M. Suga, comme pour son prédécesseur Shinzo Abe, la transition énergétique du Japon passe donc par le retour du nucléaire.

Le programme nucléaire japonais redémarre donc doucement, avec par exemple la remise en service prochaine des réacteurs Takahama. Malgré une ancienneté de 40 ans, l’autorité de régulation a prolongé leur utilisation de 20 ans.

Mais les délais que le Japon s’est fixés pour atteindre ses objectifs de décarbonation semblent déjà trop courts. Pour réduire ses émissions de seulement 26% d’ici 2030, le Japon devrait redémarrer tous ses réacteurs et en construire davantage. Sans cela, seuls 18 seront en service en 2050, même en prolongeant la durée de vie des réacteurs existants

53% des Japonais sont opposés au redémarrage des réacteurs

Le soutien de la société envers une exploitation généralisée du nucléaire reste incertain. C’est pourquoi de nombreuses autorités japonaises hésitent à approuver la remise en service de réacteurs. Certains tribunaux ont également approuvé des demandes de fermeture temporaire de réacteurs en fonctionnement.

Il faut dire que si les manifestations de masse contre le nucléaire observées après le 11 mars 2021 se sont estompées, la méfiance persiste. Une enquête de Asahi révèle en février que 53% des Japonais sont opposés au redémarrage des réacteurs, contre 32% en faveur. À Fukushima, seulement 16% ont soutenu le redémarrage des unités.

Au niveau politique, l’opposition est également vent debout contre le retour du nucléaire. Les critiques pointent le coût, l’insécurité et les problèmes de stockage des déchets nucléaires comme autant de facteurs rédhibitoires.

« Ceux qui parlent de l’énergie atomique sont des gens du  » village nucléaire « , qui veulent protéger leurs intérêts », déclare l’ancien Premier Ministre Naoto Kan.

fukushima

L’ONU affirme que l’impact des radiations est minime

Le dernier rapport de l’UNSCEAR affirme pourtant que la fusion des réacteurs n’a pas nuit à la santé de la population locale. D’après l’organisation onusienne, il n’y aurait aucune preuve crédible d’anomalies congénitales excessives ou d’accouchements prématurés liés aux rejets radioactifs. Elle dément par ailleurs le lien entre l’accident et la hausse des cancers de la thyroïde chez les enfants exposés.

L’UNSCEAR a également évalué les informations sur les transferts de matières radioactives rejetées dans les milieux terrestre, d’eau douce et marin. Il considère ainsi que l’impact sur la faune et la flore restait faible. Son rapport précise néanmoins que des effets néfastes sur certaines espèces ont été observés dans des zones de rayonnement accru.

EDF, expert en sûreté nucléaire

L’énergie nucléaire produit 10% de l’électricité mondiale, contre 18% au milieu des années 90. La construction de nouvelles centrales nucléaires est loin derrière le rythme des fermetures, selon l’IEA.

Le nucléaire reste néanmoins une solution non-négligeable pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. La filière tente donc de rebondir en apportant des gages de radioprotection et de sûreté nucléaire. Le secteur français est particulièrement dynamique dans ce domaine, comme en attestent les nombreux projets pilotés par EDF.
Projet METIS ou canaliser les connaissances sur les risques séismiques

Le projet METIS du groupe EDF vise à consolider les connaissances scientifiques sur le risque sismique qui menace les centrales. Le projet est dirigé par un consortium international composé de 13 partenaires européens et trois organisations américaines et japonaises. Doté d’un budget 5 millions EUR€, il cherche à améliorer et standardiser les évaluations de sûreté sismique des centrales.

Les résultats de ce projet permettront une meilleure appréhension des risques dans le contexte européen. METIS contribuera alors à optimiser l’utilisation des réacteurs existants et futurs, encourageant à terme la compétitivité de l’industrie nucléaire.

Le réacteur numérique, vers des centrales nucléaires augmentées

EDF pilote également une association de huit organisations qui concentre les compétences pour développer le réacteur numérique.
Ce réacteur est, selon Benoît Levesque du service R&D d’EDF, une « réplique numérique et fonctionnelle d’une centrale nucléaire ».
Il permettra aux opérateurs de s’entraîner en réalité virtuelle à effectuer les tâches de maintenance ou d’exploitation d’un réacteur nucléaire. Les ingénieurs pourront en même temps étudier le comportement et l’environnement des réacteurs. À terme, ces études permettront de préparer la population à un maximum d’éventualités. C’est une avancée essentielle pour une catastrophe « d’origine profondément humaine » selon Kiyoshi Kurokawa.

Le Sipperec renouvelle son contrat de concession d’électricité avec EDF et Enedis

Signé pour 25 ans, le nouveau contrat de concession du Sipperec avec EDF et Enedis couvre 87 communes franciliennes et engage les parties sur la gestion et l’évolution du réseau public de distribution d’électricité jusqu’en 2051.

La CRE dresse le bilan du redémarrage progressif des marchés de détail de l’énergie

La Commission de régulation de l’énergie publie son rapport 2023-2024 et détaille les impacts de la crise sur les marchés du gaz et de l’électricité, ainsi que les mesures mises en œuvre pour soutenir la concurrence et restaurer la confiance des consommateurs.

Plus de 80 pays poussent pour une feuille de route sur la sortie des fossiles à la COP30

Réunis à Belém, des États d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe soutiennent l’adoption d’un calendrier de retrait progressif des combustibles fossiles, malgré la résistance attendue de plusieurs pays producteurs.
en_114019191130540

Les Européens resserrent l’étau autour de l’Iran avec une résolution AIEA ciblée

L’E3 et les États-Unis déposent une résolution à l’AIEA pour formaliser la non-coopération iranienne après les frappes de juin, consolidant les bases juridiques d’un durcissement des sanctions énergétiques et financières.

Londres crée une taskforce pour renforcer la résilience énergétique après l’incident de Heathrow

Le Royaume-Uni lance une taskforce dirigée par le ministre de l'Énergie pour renforcer la sécurité du réseau électrique national, après l’interruption complète de l’aéroport d’Heathrow causée par un incendie de sous-station.

L’Inde vise $68bn d’investissements japonais pour dynamiser gaz et hydrogène

New Delhi sollicite $68bn d’investissements japonais pour accélérer ses projets gaziers, développer l’hydrogène et renforcer ses capacités d’importation de GNL dans un contexte d’ouverture accrue aux capitaux étrangers.
en_1140290965540

Berlin fixe un tarif subventionné de 0,05 €/kWh pour l’industrie lourde jusqu’en 2028

L’Allemagne introduira un tarif électrique plafonné pour ses industries les plus consommatrices, visant à préserver leur compétitivité face aux coûts énergétiques élevés.

France : Sylvain Waserman défend l’Ademe face aux critiques sur son efficacité et sa légitimité

Sous pression politique, l’Ademe est visée par des propositions de suppression. Son président rappelle le rôle de l’agence et justifie la gestion des 3,4 milliards d’euros opérés en 2024.

La croissance solaire et éolienne absorbe toute la hausse mondiale de la demande

La production solaire et éolienne a dépassé l’augmentation de la demande mondiale d’électricité sur les trois premiers trimestres de 2025, entraînant une stagnation de la production fossile selon les dernières données disponibles.
en_1140131129540

La Malaisie accélère sa fiscalité carbone pour sécuriser sa compétitivité industrielle

Le gouvernement malaisien prévoit l’introduction d’une taxe carbone et renforce ses partenariats régionaux afin de stabiliser son industrie face aux régulations internationales émergentes.

E.ON alerte sur l’incertitude entourant la réforme allemande des revenus des réseaux

E.ON met en garde contre le nouveau cadre réglementaire allemand qui pourrait freiner la rentabilité des investissements dans les réseaux électriques à partir de 2029.

Panne géante en République dominicaine : 85 % du réseau toujours hors service

Un black-out majeur a paralysé l’approvisionnement électrique en République dominicaine, affectant les transports, le tourisme et les infrastructures dans tout le pays. Les autorités affirment que la reprise se fait progressivement malgré un impact étendu.
en_1140121142540

Le Vietnam renforce sa politique énergétique pour accélérer sa transition bas-carbone

Le Vietnam consolide son cadre réglementaire et financier pour décarboner son économie, structurer un marché carbone national et attirer des investissements étrangers dans sa stratégie énergétique à long terme.

La BERD injecte $40mn dans Infinity Power pour accélérer son expansion en Afrique

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement renforce son engagement dans les renouvelables en Afrique, en soutenant l’expansion solaire et éolienne d’Infinity Power au-delà de l’Égypte.

Gavin Newsom tente de repositionner la Californie comme acteur autonome face au repli américain

Le gouverneur Gavin Newsom s’est rendu au sommet COP30 à Belém pour défendre la Californie comme partenaire stratégique, en s’écartant de la ligne fédérale et en misant sur le poids économique de son État.
en_1140111128540

Pékin ouvre les grands projets énergétiques aux capitaux privés pour relancer l’investissement

Les autorités chinoises autorisent une participation accrue des entreprises privées dans les projets énergétiques stratégiques, notamment le nucléaire, l’hydroélectricité et les réseaux de transmission, afin de redynamiser un investissement intérieur en perte de vitesse.

L’Afrique du Sud réforme ses règles pour accélérer les projets de transmission électrique

Un nouveau cadre réglementaire entre en vigueur pour structurer la planification, la passation de marchés et la gestion des infrastructures de transport d’électricité, visant à accroître la fiabilité du réseau et attirer les investissements privés.

L’Union africaine appelle à débloquer les financements d’adaptation avant la COP30

À la veille de la COP30, l’Union africaine dénonce le retard des flux financiers d’adaptation et rappelle la responsabilité historique des pays industrialisés dans l’équilibre climatique mondial.
en_1140101136540

L’efficacité énergétique mondiale ralentit à 1,8 % en 2025, loin de l’objectif de la COP28

La progression de l’efficacité énergétique mondiale reste en deçà des engagements pris à Dubaï, freinée par la demande industrielle et des politiques publiques insuffisamment adaptées aux innovations technologiques.

Les capacités renouvelables mondiales atteindront 793 GW en 2025 malgré des ambitions politiques insuffisantes

Les ajouts mondiaux en solaire et éolien atteindront un nouveau record en 2025, mais l’absence d’objectifs nationaux ambitieux crée une incertitude sur l’atteinte du triplement prévu d’ici 2030.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.