COP30 verrouille l’adaptation, contourne les fossiles et ouvre un front réglementaire climatique

La conférence de Belém acte un compromis entre adaptation budgétairement encadrée, retrait des ambitions sur les fossiles et ouverture d’un dialogue climat–commerce susceptible de déclencher de nouveaux contentieux réglementaires.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

La COP30 s’est conclue à Belém sur un texte final qui évite toute norme contraignante sur la sortie des énergies fossiles, tout en confirmant un engagement à tripler les financements pour l’adaptation climatique d’ici 2035. L’accord instaure également un nouveau cadre de dialogue sur les tensions commerciales liées aux politiques climatiques, amorçant un basculement du débat réglementaire vers la sphère multilatérale climatique.

Un cadre volontaire qui neutralise la contrainte fossile

L’initiative annoncée à Belém autour des énergies fossiles ne s’appuie sur aucun mandat juridiquement contraignant. Pilotée par la présidence brésilienne, elle repose sur un mécanisme volontaire hors du cadre décisionnel de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette architecture évite toute invocation juridique directe dans les contentieux climatiques internes, réduisant la portée normative du texte.

La suppression de toute feuille de route explicite sur la sortie des hydrocarbures a été portée par une alliance entre pays exportateurs de pétrole et de gaz, membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+) et plusieurs grands pays émergents. Cette coalition a imposé un langage vague, excluant les formulations pouvant fonder des obligations interprétables dans un contexte réglementaire national ou international.

Adaptation : priorité budgétaire sans création de flux

Le texte appelle à tripler les financements d’adaptation, mais dans une enveloppe annuelle climat globale plafonnée à environ $300bn. Cette contrainte limite la portée du signal pour les pays les plus vulnérables, l’effort devant se faire par redéploiement budgétaire plutôt que par apport additionnel.

Les projets attendus devraient se concentrer sur les infrastructures résilientes (ports, routes, réseaux, gestion de l’eau), avec une forte composante de prêts concessionnels. Cette orientation expose certains États à un risque accru de surendettement, sans infléchir significativement la hiérarchie actuelle des financements climatiques toujours dominée par la réduction des émissions.

Commerce–climat : la Chine ouvre un canal réglementaire alternatif

Sous l’impulsion de la Chine, la COP30 a acté l’ouverture d’un « dialogue sur les tensions commerciales » climatiques. Cette enceinte vise à documenter et débattre des mesures jugées protectionnistes, comme le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne ou certaines incitations américaines contenues dans l’Inflation Reduction Act (IRA).

Ce nouveau forum multilatéral augmente le risque de chevauchement juridique entre la CCNUCC et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les positions débattues dans le cadre de la COP pourront alimenter des arguments dans de futurs arbitrages commerciaux, notamment sur la non-discrimination et la reconnaissance des responsabilités différenciées.

Un dialogue juridico-politique à géométrie variable

Le « mutirão » de Belém introduit également la Mission to 1.5, destinée à inciter à la révision à la hausse des contributions nationales (NDC), sans fixer d’objectifs chiffrés ni contraindre juridiquement les États. Ce mécanisme pourra toutefois être mobilisé par des juridictions nationales ou des ONG pour exiger un alignement réglementaire plus ambitieux.

Pour les entreprises, cette initiative accroît l’incertitude réglementaire. Elle pourrait favoriser un durcissement unilatéral de certaines politiques publiques (moratoires, interdictions, taxation sectorielle) dans des juridictions avancées, sans qu’un cadre multilatéral stabilisé n’en définisse les paramètres.

Foresterie : montée en puissance d’un véhicule à logique réglementaire hybride

Le Tropical Forests Forever Facility (TFFF), structuré comme un mécanisme financier international de $125bn, associe dette junior publique et dette senior privée pour générer des revenus destinés à financer la protection des forêts tropicales. Le montage est coordonné avec la Banque mondiale mais reste juridiquement indépendant des mécanismes de compensation carbone de type REDD+.

L’ambiguïté sur l’articulation entre le TFFF, les marchés volontaires de crédits carbone et les obligations de reporting climatique crée un risque de double comptabilisation et de fragilité réglementaire. Les entreprises exposées à ces marchés devront adapter leur stratégie de conformité pour anticiper d’éventuelles nouvelles normes d’additionnalité.

Chaînes de valeur industrielles et anticipation réglementaire

La création d’un dialogue commercial climat à la COP pousse les industriels fortement exposés à l’export, en particulier vers l’Union européenne, à anticiper des ajustements réglementaires encore non stabilisés. Le CBAM fait désormais l’objet d’un cadrage politique où les paramètres techniques – comme les facteurs d’émissions par défaut ou la reconnaissance de systèmes domestiques – seront contestés au niveau multilatéral.

Dans ce contexte, les entreprises exportatrices d’acier, d’aluminium, d’engrais ou de ciment doivent renforcer leur conformité carbone et intégrer une variabilité réglementaire accrue sur la décennie. L’absence de normes multilatérales contraignantes renforce le rôle des cadres nationaux et expose à une fragmentation juridique du commerce international.

La surcapacité électrique française force une révision stratégique avant fin décembre

Face à un excédent structurel d’électricité, le gouvernement s’engage à publier une nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie d’ici Noël, alors que l’alignement entre offre, demande et investissements devient un enjeu industriel et budgétaire majeur.

Les divisions sur les énergies fossiles bloquent l’adoption d’un rapport de l’ONU

Un rapport scientifique majeur du Programme des Nations unies pour l’environnement n’a pas été validé par les États membres, en raison de désaccords profonds sur les énergies fossiles et d’autres sujets sensibles.

RTE appelle à une électrification accélérée pour réduire la dépendance aux fossiles

RTE alerte sur le retard de la France dans l’électrification des usages, pourtant essentielle pour limiter les importations d’hydrocarbures et soutenir sa stratégie de réindustrialisation.
en_114099991237540

L’Inde annule 6,3 GW de connexions renouvelables, signalant un virage réglementaire

L’autorité centrale indienne a annulé 6,3 GW de connexions réseau pour projets renouvelables depuis 2022, une décision qui reflète un durcissement réglementaire et une volonté de recentrer la responsabilité sur les développeurs.

Le Brésil lance une feuille de route pour réduire sa dépendance au pétrole

Le gouvernement brésilien a reçu l'ordre de définir sous deux mois un plan de réduction progressive des combustibles fossiles, appuyé par un fonds national de transition énergétique alimenté par les recettes pétrolières.

L’Allemagne en retard sur la directive RED III, une application rétroactive probable

Le gouvernement allemand pourrait manquer l’échéance de janvier 2026 pour transposer la directive RED III, provoquant des incertitudes sur les obligations de biocarburants et perturbant les marchés.
en_114088881238540

L’Italie attribue 8,6GW de capacités renouvelables lors de son appel d’offres Fer-X

L’Italie a alloué 82 % des capacités solaires et éoliennes proposées dans le cadre de son appel d’offres Fer-X, totalisant 8,6GW, avec des prix de rachat compétitifs et une forte concentration des projets dans le sud du pays.

Paris missionne Jean-Bernard Lévy pour revoir les subventions aux renouvelables

Face à l’alourdissement des dépenses publiques, le gouvernement français mandate deux experts pour réévaluer le dispositif de soutien aux énergies renouvelables électriques et au stockage, avec des propositions attendues sous trois mois.

L’armée polonaise s’engage à sécuriser le réseau électrique face à la menace des drones

L'opérateur national PSE s'associe aux forces armées pour protéger les postes de transformation, alors que les infrastructures critiques sont ciblées par des actes de sabotage attribués à des ingérences extérieures.
en_1140331255540

La Norvège lance une commission pour planifier l’après-pétrole

Le gouvernement norvégien met en place une commission chargée d’anticiper le déclin des hydrocarbures et d’évaluer les options économiques pour le pays dans les prochaines décennies.

Le Kazakhstan lance des appels d’offres pour 3 GW de capacités renouvelables d’ici 2026

Le Kazakhstan prévoit d’allouer 3 GW de projets éoliens et solaires d’ici fin 2026 par appels d’offres, avec un premier lot d’1 GW en 2025, dans un contexte de modernisation de son système électrique.

Les pannes électriques aux États-Unis atteignent un record de 11 heures par client en 2024

Les ouragans Beryl, Helene et Milton ont représenté 80 % des coupures d’électricité enregistrées en 2024, un pic inédit en dix ans selon les données fédérales.
en_11402222221233540

France : la CRE lance un dispositif transitoire pour encadrer les fournisseurs

La Commission de régulation de l’énergie introduit un contrôle prudentiel temporaire sur les fournisseurs de gaz et d’électricité, via un « guichet à blanc » ouvert dès décembre, en attendant la transposition des règles européennes.

Carney et Smith débloquent un pipeline vers l’Asie et modifient la loi sur les tankers

L’accord Carney–Smith lance un nouvel oléoduc vers l’Asie, supprime les plafonds d’émissions pétrogazières et amorce une réforme de la loi interdisant les tankers sur la côte nord du Pacifique.

Les actifs renouvelables post-CfD exposent les investisseurs à un risque de marché accru

La sortie progressive des contrats CfD transforme des actifs stables en infrastructures exposées à une volatilité accrue, remettant en cause les rendements attendus et les modèles de financement traditionnels du secteur renouvelable.
en_114028281129540

Le Canada réforme sa loi sur l’efficacité énergétique pour adapter sa politique aux marchés numériques

Le gouvernement canadien introduit une révision législative majeure de la Loi sur l’efficacité énergétique afin de soutenir sa stratégie nationale et s’aligner sur les réalités du commerce numérique.

Québec maintient seul un prix carbone à la pompe malgré la fin de la taxe fédérale

Québec devient l’unique province canadienne où le prix du carbone continue de s’appliquer directement aux carburants, dans un contexte où Ottawa a supprimé la taxe carbone grand public depuis avril 2025.

L’Inde investit $872mn pour produire localement ses aimants aux terres rares

New Delhi lance un plan d’incitations de 72,8 Md INR pour créer une capacité nationale de 6 000 tonnes d’aimants permanents, face aux restrictions croissantes imposées par la Chine sur les exportations de composants critiques.
en_114027271133540

Les contrats long terme redessinent le risque électrique sur 30 ans face à la volatilité

L’essor des CfD, PPA et mécanismes de capacité traduit un basculement structurel : les marchés ne couvrent plus les besoins de financement à 10–30 ans, alors que les prix spot ont bondi de 400 % en Europe depuis 2019.

Berlin prévoit l’acquisition de 25,1 % de TenneT Allemagne début 2026

L’Allemagne prévoit de finaliser l’achat de 25,1 % de la filiale allemande de TenneT pour 5,8 milliards €, afin de renforcer son contrôle sur les infrastructures critiques du réseau électrique national.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.