La Fédération de Russie et la République de l’Inde ont entamé des discussions en vue de renforcer leur coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire. Les négociations ont porté sur de nouveaux projets de réacteurs de grande capacité, ainsi que sur le développement de centrales nucléaires de petite taille, incluant notamment des unités flottantes conçues par la Russie.
Les représentants de Rosatom, société d’État russe de l’énergie atomique, et du Department of Atomic Energy (DAE) indien ont échangé sur les spécifications techniques d’une centrale nucléaire équipée de réacteurs VVER-1200 de conception russe. Ce modèle est envisagé pour une implantation future en Inde, avec des discussions avancées sur la localisation de la fabrication des équipements nécessaires.
Progrès constants sur le site de Kudankulam
Les avancées du chantier de la centrale nucléaire de Kudankulam, située dans l’État du Tamil Nadu, ont constitué un point central des échanges. Cette installation abrite déjà deux réacteurs VVER-1000, mis en service en 2014 et 2017. L’unité 3 est actuellement en phase de démarrage, avec des essais des systèmes de sécurité prévus. La construction des unités 4, 5 et 6 progresse en parallèle, avec des livraisons d’équipements en cours.
Le projet prévoit également une quatrième phase, avec les unités 7 et 8 qui seraient équipées de réacteurs VVER-1200. Ces ajouts devraient augmenter significativement la capacité de production du site, déjà stratégique pour l’approvisionnement en électricité du sud de l’Inde.
Vers une feuille de route conjointe pour les SMR
Outre les projets à grande échelle, les discussions ont aussi couvert le développement de Small Modular Reactors (SMR, Réacteurs Modulaires de Petite Taille). Plusieurs options sont étudiées, dont le déploiement de centrales flottantes. Les deux pays ont souligné l’intérêt d’un tel modèle pour des régions éloignées ou difficilement accessibles.
Le Bhabha Atomic Research Centre (BARC) développe actuellement trois modèles de SMR, dont un prototype de 200 MWe (BSMR-200), un de 55 MWe, ainsi qu’un système de 5 MW thermique destiné à la production d’hydrogène. Cette diversification de la technologie nucléaire s’inscrit dans la stratégie indienne visant à porter la capacité nationale installée à 100 GW d’ici 2047.
Cap sur une chaîne logistique bilatérale
Les responsables de Rosatom et du DAE ont mis en avant l’efficacité des mécanismes de coopération établis à travers le projet de Kudankulam. Le modèle de coordination mis en place permettrait, selon eux, de dupliquer les processus pour d’autres sites nucléaires dans le pays. Le développement d’une chaîne logistique intégrée, couplée à une production locale d’équipements, a été identifié comme un levier majeur de consolidation du partenariat.
L’Inde exploite actuellement 24 réacteurs nucléaires pour une capacité installée de 7 943 MW. Six unités supplémentaires, représentant 4 768 MW, sont en cours de construction. Dix autres projets, totalisant environ 7 GW, se trouvent en phase préparatoire. Les ambitions communes de New Delhi et Moscou dans le nucléaire pourraient ainsi modifier durablement l’équilibre énergétique régional.