La compagnie pétrolière publique brésilienne Petrobras cherche à exploiter davantage la productivité de ses principaux champs du pré-sal dans le bassin de Santos. Trois unités flottantes de production, stockage et déchargement (FPSO) sont ciblées pour dépasser leurs limites contractuelles actuelles. L’Almirante Tamandaré sur le champ de Búzios, le Marechal Duque de Caxias sur le champ de Mero et une troisième unité opérée par Modec font l’objet de discussions entre Petrobras et leurs affréteurs.
Une montée en puissance inédite à Búzios
L’FPSO Almirante Tamandaré, fournie par SBM Offshore, constitue l’unité la plus imposante jamais déployée par Petrobras. Conçue pour traiter 225 000 barils par jour (bpj) de pétrole et 12 millions de m³ de gaz, elle a atteint sa capacité nominale dès août 2025, seulement six mois après son entrée en service. Petrobras estime désormais possible de relever ce plafond à 250 000 bpj, soit une hausse d’environ 11 %. Cette progression équivaudrait à près de 7,5 millions de barils supplémentaires chaque mois, renforçant directement le flux d’exportations du pays. Selon Petrobras, l’unité n’utilise encore que cinq des huit puits prévus, ce qui offre une marge pour intensifier les volumes traités.
Mero dépasse déjà ses limites nominales
Sur le champ de Mero, Petrobras exploite plusieurs FPSO de 180 000 bpj chacune. Le Marechal Duque de Caxias, livré fin 2024, a rapidement atteint son plateau, incitant l’entreprise à envisager une capacité élargie. L’FPSO Guanabara, opérée par Modec, a pour sa part déjà dépassé ses spécifications, avec un record de 183 000 bpj atteint en juin 2025. En ajoutant ces volumes, Mero contribue déjà à plus de 500 000 bpj au portefeuille de Petrobras. Le consortium Libra, qui regroupe TotalEnergies, Shell, CNOOC, CNPC et la société publique Pré-Sal Petróleo (PPSA), soutient cette montée en charge qui accroît la part de production revenant à l’État brésilien.
Des investissements concentrés sur le pré-sal
Búzios et Mero concentrent la stratégie de croissance de Petrobras. Onze FPSO doivent être déployées sur Búzios d’ici 2030, pour un potentiel cumulé dépassant 1,5 million de bpj. Sur Mero, quatre unités de 180 000 bpj chacune sont prévues à court terme, portant la capacité installée au-delà de 720 000 bpj. Au total, Petrobras ambitionne d’augmenter la production nationale de pétrole brut à plus de 4 millions de bpj à l’horizon 2030, contre 3,7 millions en juin 2025, dont près de 79 % issus du pré-sal.
Un levier direct sur les exportations
Le Brésil est déjà un exportateur net majeur, avec environ 2,3 millions de barils exportés quotidiennement en 2024. Chaque augmentation de 25 000 bpj sur une FPSO représente un accroissement de plus de 9 millions de barils par an. À un prix moyen du Brent de 80 dollars le baril, cela équivaut à plus de 700 millions de dollars de recettes brutes supplémentaires. Pour Petrobras, qui a prévu d’investir 111 milliards de dollars entre 2024 et 2028, ces volumes additionnels permettent d’amortir plus rapidement ses nouvelles unités et de financer le développement de puits complémentaires.
Négociations avec SBM Offshore et Modec
Les contrats d’affrètement limitent généralement la capacité de traitement à la valeur certifiée lors de la mise en service. Pour les dépasser, Petrobras doit obtenir l’accord de ses partenaires, SBM Offshore et Modec, qui perçoivent une rémunération indexée sur la disponibilité et la performance de leurs unités. Les discussions portent sur des ajustements contractuels, des tests de performance et une éventuelle adaptation d’équipements. Sylvia dos Anjos, directrice de l’exploration et production, a précisé que les fournisseurs faisaient preuve de bonne volonté pour accompagner ces évolutions.
Optimisation des champs matures en parallèle
Au-delà de Búzios et Mero, Petrobras travaille également à prolonger le plateau de production du champ de Tupi, qui fournit actuellement près de 800 000 bpj. Le programme interne baptisé « Tupi Mais Valor » regroupe plus de 200 spécialistes pour étudier de nouvelles options de forages et l’installation potentielle d’une FPSO supplémentaire. Des projets similaires sont en cours sur Sapinhoá, autre champ majeur du bassin de Santos. Ces efforts visent à maintenir la croissance de la production tout en exploitant au maximum les infrastructures déjà existantes.