Le licenciement soudain de Christopher Hanson, commissaire à la Nuclear Regulatory Commission (NRC), par le président américain Donald Trump provoque une controverse au sein du secteur nucléaire. Cette révocation, notifiée sans justification, constitue un événement historique dans l’histoire de l’agence fédérale indépendante, normalement protégée par une législation stricte contre ce type d’intervention politique. Près d’une trentaine d’anciens responsables, dont des ex-présidents de la NRC, ont signé une lettre ouverte dénonçant la mesure comme contraire aux pratiques réglementaires en vigueur. Selon eux, cela pourrait compromettre la neutralité essentielle à la mission de sécurité nucléaire.
Réactions immédiates des acteurs institutionnels
Parmi les signataires figurent Stephen Burns, ancien président de la NRC, qui souligne les risques potentiels sur la crédibilité et l’efficacité réglementaire d’une commission réduite à quatre membres, également partagée entre Démocrates et Républicains. Edwin Lyman, expert en sécurité nucléaire à l’Union of Concerned Scientists (UCS), insiste sur le fait que ce renvoi menace l’autonomie institutionnelle de l’agence. Armond Cohen, directeur exécutif du Clean Air Task Force (CATF), note que ce geste présidentiel inédit pourrait dissuader les investissements dans les nouvelles technologies nucléaires en perturbant la continuité réglementaire. Des organismes pro-nucléaires, comme la Nuclear Innovation Alliance, s’inquiètent aussi de possibles retards dans les décisions stratégiques de régulation.
Enjeu stratégique et économique
La situation intervient alors que l’administration Trump a récemment promulgué des ordonnances visant à quadrupler le parc nucléaire national d’ici 2050, simplifier les normes de radiation, et renforcer la participation du Department of Energy (DOE) dans la certification des réacteurs innovants. La NRC, organisme clé dans l’approbation des nouvelles technologies, risque désormais de connaître un ralentissement de ses procédures d’homologation, selon les spécialistes du secteur. L’échéance imminente du mandat d’un autre commissaire, David Wright, prévue fin juin, pourrait accentuer les risques d’une paralysie décisionnelle.
Conséquences à moyen terme sur la régulation nucléaire
Les représentants démocrates au Congrès, notamment le sénateur Sheldon Whitehouse et le représentant Frank Pallone, dénoncent une décision illégale qui saperait la confiance du public et des partenaires industriels envers le régulateur fédéral. Ils rappellent que la loi fédérale ne prévoit la révocation d’un commissaire que pour faute grave ou négligence manifeste, des critères absents de l’annonce officielle. Sans majorité claire, la commission pourrait connaître un blocage réglementaire, ce qui serait perçu négativement par les investisseurs potentiels dans des technologies nucléaires avancées, notamment les petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors, SMR). Le secteur attend désormais la nomination de nouveaux membres par l’exécutif, ce qui déterminera le rythme futur des validations nécessaires aux projets énergétiques.