Taxonomie Européenne, vers plus de nucléaire?

Avec l'inclusion du gaz et du nucléaire dans la nouvelle taxonomie européenne, l'UE bouleverse l'avenir des investissements énergétiques. Si le nucléaire peut en profiter, certains soulignent un risque de sous-investissement dans d'autres filières.

La taxonomie européenne impacte grandement le secteur énergétique. Début juillet, l’UE adoptait le label vert accordé au gaz et au nucléaire.

La taxonomie européenne garantit un avenir brillant au nucléaire

Étant considéré comme une énergie durable par la nouvelle taxonomie européenne, le nucléaire se développera rapidement sur les décennies à venir. Le marché nucléaire attirera beaucoup plus d’investissements, en particulier publics. De fait, les investissements dans le secteur pourront bénéficier de produits financiers européens.

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Le sujet du nucléaire a et continue de faire débat au sein de l’Union européenne. Sur le sujet, on observe une forte opposition entre deux leaders européens: la France (pour) et l’Allemagne (contre). Cela dit, avec les problèmes encourus par l’Allemagne face à sa grande dépendance sur le gaz russe, le pays semble être prêt à reconsidérer sa position.

Bien que les activités nucléaires soient considérées comme durables par la taxonomie européenne, l’UE précise que les investissements dans le secteur ne doivent pas supplanter les investissements dans les énergies renouvelables qui, elles, doivent à l’avenir remplacer le nucléaire.

Le gaz, un contexte plus délicat

Le gaz cependant se trouve dans une situation plus ambiguë. Malgré des activités gazières étant également considérées comme durables par la taxonomie européenne, les contraintes strictes autour de cette qualification sont vues comme irréalistes par certains.

Rystad Energy, par exemple, se porte peu optimiste à l’idée de la limite d’émissions des activités gazières. Les pays membres ne doivent pas dépasser 270g CO2e/kWh pour leur secteur du gaz. Cela demanderait plusieurs facteurs qui ne sont pas encore viables.

Le déploiement massif des technologies de séquestration du carbone, ou Carbon Capture Storage (CCS), est encore loin d’être à l’échelle nécessaire pour atteindre la restriction européenne. Il existe cependant d’autres moyens de décarboner le gaz, notamment à travers l’hydrogène.

En mélangeant l’hydrogène renouvelable avec le gaz naturel traditionnel, les émissions du secteur gazier diminueraient donc. Ceci dit, comme pour le CCS, on devra attendre des années avant que l’hydrogène renouvelable soit viable à l’échelle technique et économique nécessaire. Certains estiment un écart de 800.000 tonnes de CO2 entre la réalité en utilisant l’hydrogène et l’objectif imposé par le plan REPowerEU.

En plus de cela, l’UE demande que toute nouvelle centrale à gaz remplace une ancienne centrale énergétique, sans dépasser 15% de capacité de production additionnelle vis-à-vis de la centrale remplacée. Cela s’explique par la volonté européenne de remplacer le charbon, en particulier par le gaz naturel, dans les décennies à venir.

Ainsi, Rystad prédit une baisse de capacité de production du charbon de 44,6 GW entre 2026 et 2031. Elle serait donc remplacée par un maximum d’une capacité de 51,3 GW grâce au gaz.

Un risque de sous-investissement

Les contraintes autour du gaz durable suscitent donc naturellement certaines inquiétudes pour les investissements. L’objectif de cette taxonomie européenne est bien d’inciter l’investissement dans ces activités énergétiques. Or, si les objectifs portant sur le secteur gazier sont vus comme irréalisables, alors les investisseurs, privés et publics, manqueront.

Une solution potentielle à cela serait une politique plus ambitieuse concernant le développement de la production d’hydrogène renouvelable. Alors que sa demande devrait rapidement augmenter, une pénurie est probable. Un accompagnement important de l’Union pour garantir une production suffisante serait donc nécessaire. Cela pourrait aussi accélérer le déploiement à grande échelle de l’hydrogène, rendant le gaz durable un investissement plus viable.

La taxonomie européenne, un pas vers la transition énergétique?

Sur le plan plus large, cette nouvelle taxonomie, qui sera en place à partir du 1er janvier 2023, contient à la fois des opportunités et des risques pour la transition énergétique européenne. En incluant le nucléaire et le gaz, l’UE peut renforcer sa sécurité énergétique au sein de sa transition, ainsi que compenser pour les faiblesses des renouvelables comme la question de l’intermittence.

D’un autre côté, les investissements risquent d’être disproportionnels, ralentissant donc le développement des renouvelables. Bien que l’UE précise vouloir éviter un tel phénomène, elle ne précise pas comment elle ferait cela. L’Union ne définit même pas clairement ce problème. Imposer les contraintes sur le gaz semble être une solution à ce problème. Toutefois, il est nécessaire de trouver des moyens technologies et économiques.

Baisse prévue des prix de l’énergie en 2024, malgré une hausse globale

En 2024, les prix de l’électricité et du gaz en France devraient baisser grâce aux récentes réformes gouvernementales et aux ajustements de marché. Toutefois, ils demeureront supérieurs aux niveaux pré-crise de 2021-2022, mettant en lumière les défis persistants et les stratégies nécessaires pour stabiliser le secteur énergétique dans un contexte post-crise.

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