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Taïwan en quête d’avenir nucléaire

Taïwan rencontre des difficultés pour assurer sa sécurité énergétique, le pays souhaitait se tourner vers les énergies renouvelables.

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Taïwan rencontre des difficultés pour assurer sa sécurité énergétique, le pays souhaitait se tourner vers les énergies renouvelables.

Des contraintes énergétiques

Taïwan doit composer avec sa dépendance aux importations énergétiques dans un contexte géopolitique compliqué. Le nucléaire, déjà existant, mais sujet de discorde pour des raisons historiques et politiques, pourrait constituer une solution pour le pays. Il est peu probable de voir émerger rapidement un projet de nucléaire à grande échelle sur l’île.

Cependant les centrales existantes disposent d’un fort potentiel de prolongation. Les SMR pourraient représenter une solution d’avenir pour contribuer à la sécurité énergétique de Taïwan. Face à la pénurie d’énergie que risque Taïwan, le gouvernement pourrait demander le redémarrage des réacteurs nucléaires.

Taïwan est une économie dynamique et puissante. Sa croissance en 2021 atteignait 6% et le pays se classe dans les 20 premiers mondiaux en termes de PIB. Taïwan est une économie manufacturière orientée vers les exportations, notamment dans le domaine des semi-conducteurs. Les industries manufacturières, qui représentent 30% du PIB taïwanais, consomment une grande partie de l’énergie disponible dans le pays.

Selon le Bureau of Energy, la production industrielle représentait 56% de la consommation totale d’électricité de Taïwan. La fabrication de produits électroniques en représentait à elle seule 37%. Toutefois, Taïwan doit faire face à des contraintes énergétiques qui pourraient nuire à son succès industriel.

Tout d’abord, la superficie du pays contraint Taïwan dans ses possibilités de développement énergétique. En effet, comme le soulignaient les chercheurs Sih Ting Jhou et Huei-Chu Liao en 2013:

« Taïwan a une dotation énergétique quasi nulle et dépend des importations pour près de 98% de sa consommation. »

Le pays demeure dépendant des importations de gaz en flux tendu.

Une situation contrastée

Ses réserves ne sont pas supérieures à deux semaines. Ainsi, un potentiel blocus chinois pourrait mettre à mal l’approvisionnement énergétique de l’île. Alors que la présidente de Taïwan souhaite s’émanciper du nucléaire, le pays utilise majoritairement les énergies fossiles pour produire son électricité.

En effet le charbon fournit 45% de l’électricité. Le gaz naturel en fournit 37%. Le nucléaire et les énergies renouvelables complètent le tableau avec respectivement 10% et 6% de la production d’électricité.

Tsai Ing-Wen, la Présidente de Taïwan, proposait en 2017 d’augmenter la part du gaz naturel à 50% du mix électrique d’ici 2025. Elle souhaitait également accélérer le développement des énergies renouvelables. L’objectif était d’atteindre 20GWd’installations solaires, et 5GW d’éoliennes offshore.

Malgré le développement de nombreux projets renouvelables, tel que le projet solaire de Lightsource BP à Taïwan, l’île doit faire face à des coupures de courant. Cela se produisait en mai 2021 ainsi qu’en mars 2022, sapant au passage la productivité. De plus, sa dépendance au gaz naturel, qui arrive à Taïwan sous forme de GNL, pourrait s’avérer problématique en cas de blocus chinois.

Compte tenu de ses besoins en électricité et des contraintes auxquelles l’île fait face, le nucléaire se pose comme un candidat crédible pour Taïwan. Le plan de Tsai Ing-Wen prévoit la mise hors service des trois centrales d’ici 2025. La construction d’une quatrième centrale, celle de Lungmen, est par ailleurs actuellement en attente de décision.

Un potentiel opérationnel

Les centrales nucléaires de Taïwan datent du régime autoritaire de Chiang Kai-Shek. L’objectif était notamment de pouvoir assurer la croissance du pays en se prémunissant contre les risques liés aux crises pétrolières. En outre, l’autoritarisme de Chiang Kai-shek se retrouve aujourd’hui associé aux centrales nucléaires par certains militants.

Le pays se scinde politiquement entre les partisans du nucléaire qui soutiennent majoritairement le Kuomintang, parti de Chiang Kai-Shek. L’autre partie regroupe les partisans de la présidente actuelle, le DPP, qui s’oppose largement au nucléaire. Cette opposition politique clive les opinions sur le nucléaire, et nuit à la prolongation des centrales existantes.

Taïwan possède aujourd’hui trois centrales opérationnelles pour produire de l’énergie nucléaire. La première se situe à Jinshan. La deuxième est celle de Kuosheng, et enfin la troisième se situe à Maanshan. Elles possèdent chacune deux réacteurs à eau bouillante pour des capacités respectives de 1208MW, 1970MW et 1102MW.

Actuellement, les deux unités de Jinshan sont hors service. C’est également le cas d’un des réacteurs de la centrale de Kuosheng. Le potentiel de prolongation de la durée de vie de tous les réacteurs taïwanais est excellent, y compris pour ceux déjà arrêtés.

Cela s’explique par la situation politique du pays qui empêche leur démantèlement. En effet, Taïwan ne disposant pas d’un site de stockage, aucun des trois réacteurs n’est complètement à l’arrêt. Cela sert à préserver la sécurité des combustibles usés.

Les SMR, une nouvelle perspective

Une quatrième centrale est en cours d’achèvement, mais n’est pas opérationnelle. Elle représenterait une capacité installée de 2700MW. Le gouvernement organisait un référendum en 2021 sur la mise en service de ce réacteur, le résultat ressortait négatif.

Taïwan pourrait, en réactivant ses réacteurs et en achevant la dernière centrale, disposer de 7,78GW d’énergie nucléaire. Ainsi, cela représenterait environ 20% du pic de demande de 2022. Il est peu probable de voir émerger un nouveau programme nucléaire à grande échelle à Taïwan dans les années à venir.

Cependant, les chefs d’entreprise se concentrent de plus en plus sur les petits réacteurs modulaires (SMR) afin de développer le nucléaire sur l’île. Les grands fabricants taïwanais cherchent en effet à sécuriser leurs propres sources d’énergie. Ils souhaitent éviter les pannes d’électricité ainsi que les pressions politiques.

En outre, les SMR représentent une opportunité de séduire la population de Taïwan réticente au nucléaire. Ces technologies sont sûres grâce à leurs fonctions passives de sécurité. De plus, le ministère des affaires économiques déclare qu’il ne voulait pas exclure les SMR et la fusion des possibilités énergétiques futures.

L’énergie nucléaire apparaît comme indispensable si Taïwan souhaite réduire sa dépendance au gaz. Cela lui permettra également de réduire la pression que la Chine pourrait exercer sur sa sécurité énergétique. Les SMR permettraient de répondre à ce besoin de nucléaire, tout en se soustrayant aux désaccords politiques.

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