La Corée du Sud maintiendra inchangés ses tarifs électriques pour le troisième trimestre de cette année, une décision prise dans un contexte d’incertitude accrue autour des flux internationaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Initialement, une baisse des prix était prévue grâce à la diminution récente des coûts d’importation des combustibles utilisés pour produire l’électricité, principalement le GNL et le charbon. Cependant, les autorités sud-coréennes privilégient désormais la stabilité des approvisionnements face à la menace d’une crise énergétique liée aux derniers développements géopolitiques au Moyen-Orient. Cette décision stratégique a été confirmée officiellement par le ministère sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie (Ministry of Trade, Industry and Energy, MOTIE).
La situation géopolitique influence les marchés énergétiques
La hausse récente des tensions au Moyen-Orient constitue une source majeure d’inquiétude pour les importateurs sud-coréens de GNL, notamment après que le parlement iranien a approuvé une mesure visant à fermer le détroit d’Ormuz en réaction à une frappe américaine sur des installations nucléaires iraniennes. Le détroit d’Ormuz représente un passage stratégique pour les approvisionnements mondiaux en pétrole et en gaz, en particulier pour les cargaisons de GNL en provenance du Qatar, historiquement un partenaire clé pour Séoul. Face à ces tensions, le MOTIE a réuni en urgence les principaux acteurs du secteur, notamment les importateurs de pétrole et de GNL, afin d’évaluer précisément les risques potentiels sur les approvisionnements à court terme. À l’heure actuelle, aucune perturbation majeure n’est enregistrée, mais les entreprises restent vigilantes face à une possible détérioration rapide de la situation.
Diversification et ajustements des approvisionnements
Pour réduire les risques d’une interruption brutale des livraisons de gaz qatari, la Corée du Sud a déjà entamé une réorientation stratégique de ses importations. Depuis plusieurs mois, les volumes de GNL en provenance du Qatar ont diminué de manière significative. Selon les chiffres officiels, au cours des cinq premiers mois de l’année, ces importations ont chuté de 14,6 %, pour atteindre 3,154 millions de tonnes métriques, tandis que les importations en provenance d’Australie augmentaient parallèlement de près de 25 %. L’Australie s’impose ainsi progressivement comme le premier fournisseur de GNL de la Corée du Sud, devant le Qatar, consolidant sa position stratégique dans les approvisionnements sud-coréens. En parallèle, les importations en provenance des États-Unis continuent de croître, s’inscrivant dans un mouvement plus large de diversification des approvisionnements pour atténuer les risques géopolitiques.
Prolongation des mesures fiscales
Outre le gel des tarifs, Séoul poursuit également des mesures de soutien aux entreprises productrices d’électricité en reconduisant les réductions de taxes sur les combustibles fossiles. Depuis août 2022, le gouvernement sud-coréen avait baissé la taxe de consommation sur le GNL utilisé pour la production électrique de 15 %, passant de 12 wons par kilogramme à 10,2 wons (environ 0,01 USD par kilogramme). Pour le charbon thermique, les réductions varient désormais entre 36,5 et 41,6 wons par kilogramme, en fonction du pouvoir calorifique, contre 43 à 49 wons auparavant. Ces réductions fiscales, initialement temporaires, ont été prolongées jusqu’à fin décembre afin d’atténuer les coûts de production et de stabiliser les prix de l’électricité face aux fluctuations des marchés internationaux.
Une économie dépendante des importations énergétiques
La Corée du Sud, quatrième importateur mondial de pétrole brut et troisième importateur mondial de GNL, affiche une dépendance structurelle marquée vis-à-vis des marchés énergétiques internationaux. Cette dépendance la rend particulièrement vulnérable aux perturbations sur les marchés mondiaux. La décision de geler les tarifs électriques traduit ainsi une volonté de prudence face à une situation géopolitique instable susceptible d’impacter significativement les coûts énergétiques du pays. Dans ce contexte incertain, les importateurs énergétiques sud-coréens continueront à suivre attentivement l’évolution de la situation au Moyen-Orient, tout en cherchant activement à renforcer et diversifier leurs sources d’approvisionnement pour préserver leur sécurité énergétique.