Les producteurs de pétrole de l’Opep+, qui se réunissent jeudi, devraient reconduire leur politique actuelle de limitation de l’offre au nom de la prudence, profitant ainsi des cours élevés. Il s’agit aussi de se protéger d’un choc brutal en cas de retour prochain de l’Iran sur le marché.
L’OPEP+ se réunit le jeudi 4 novembre 2021
Comme presque chaque début de mois depuis l’éclosion de la pandémie de Covid-19, les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l’accord Opep+ se retrouvent par visioconférence pour éventuellement ajuster leur volume de production d’or noir.
Peu d’observateurs s’attendent à une surprise de la part du cartel malgré la pression des consommateurs mécontents de payer le prix fort. Le fait que « la Russie, l’Arabie Saoudite et d’autres grands producteurs ne pompent pas davantage de pétrole (…) n’est pas juste », a déploré dimanche soir le président américain Joe Biden, en marge du sommet du G20 à Rome.
Le WTI au plus haut depuis 2014
Le dirigeant du premier pays consommateur de pétrole a de quoi faire grise mine : le contrat américain de référence du brut, le WTI, évolue autour de 85 dollars, au plus haut depuis 2014.
D’autres nations gourmandes en or noir comme l’Inde et le Japon poussent aussi l’Opep+ à réagir mais les producteurs continuent de faire la sourde oreille, maintenant pour le moment une stratégie radicale mais efficace, faite d’un assèchement drastique de l’offre.
Marché « encore trop fragile »
Le secrétaire général de l’Opep Mohammed Barkindo a de nouveau souligné la semaine dernière « la nécessité de rester prudent et attentif à une situation de marché en constante évolution », une rhétorique désormais habituelle au sein de l’alliance.
Le cartel insiste sur les facteurs de risque planant sur la demande afin de justifier le maintien de sa politique prudente, évoquant aussi les – bien réels – nouveaux pics de contaminations à la Covid-19 observés en Russie et en Chine.
Cette stratégie, favorable aux caisses des producteurs, se traduit par une augmentation mensuelle de la production de 400.000 barils par jour, alors que plus de 4 millions de barils sont encore laissés chaque jour sous terre.
La crise est contenue, mais pas terminée
« La crise est en quelque sorte contenue mais elle n’est pas encore terminée, nous devons faire attention à ne pas prendre les choses pour acquises », affirmait en octobre le ministre saoudien de l’Energie Abdelaziz ben Salmane, chef de file de l’Opep, en marge du forum « Saudi Green Initiative ».
Dans le même sens, le ministre du Pétrole du Nigeria, Timipre Sylva, jugeait le lendemain que le marché était « encore trop fragile ».
Quand l’Iran s’éveillera
Le tassement attendu l’an prochain du fort rebond de la demande explique que le cartel soit tenté de garder son cap, soulignent plusieurs analystes. Si l’Opep+ n’est pas pressée d’augmenter trop vite la cadence, c’est aussi parce qu’elle ménage une place à un de ses membres aujourd’hui exclu du marché, l’Iran, ajoutent certains d’entre eux.
Ironie de l’histoire, ce sont les États-Unis qui ont sanctionné la République islamique en 2018, entraînant un retrait du marché de près de 2 millions de barils par jour. Les mêmes appellent aujourd’hui le cartel, dont l’Iran est membre fondateur, à accroître sa production d’or noir pour soulager le portefeuille des automobilistes et ne pas entraver la reprise de la croissance, à la merci d’une inflation incontrôlée.
Les mêmes, à un président près
Joe Biden s’est dit prêt à revenir dans l’accord sur le nucléaire. Au point mort depuis juin, les négociations de Vienne, destinées à relancer le pacte et lever les sanctions contre Téhéran, pourraient redémarrer d’ici fin novembre.
Une issue favorable signerait, en toute logique, le retour à moyen terme de l’Iran sur le marché de l’or noir. Mais malgré l’insistance des Occidentaux, Téhéran n’a toujours pas indiqué de date précise pour la reprise des négociations.