Nucléaire Américain: Déclin d’une Énergie Décarbonée

Le nucléaire Américain est en déclin. 12 réacteurs ont déjà été mis à l’arrêt et 25 autres devraient suivre cette voie d’ici 2025 selon Wood Mackenzie. Problème : cette réduction de la principale source d’électricité sans carbone compromet fortement les objectifs de décarbonation annoncés par le Président des États-Unis, Joe Biden dans son plan d’infrastructures.

 

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Le nucléaire Américain et son parc en déclin

Vendredi 30 avril 2021, s’était au tour de la centrale nucléaire d’Indian Point de fermer ses portes. Située dans l’État de New York, à une trentaine de kilomètres au nord de Manhattan, la centrale fournissait pourtant une énergie sans carbone au pays depuis 1962. Une situation qui a fait chuter la part d’électricité provenant de sources sans carbone dans l’État de 59% en 2019 à 54,8% en 2020, selon Wood Mackenzie.

Dans l’État de l’Illinois, la société Exelon a aussi décidé de fermer ses centrales nucléaires de Byron et de Dresden d’ici novembre 2021. Selon Global Platts Analytics, 8 GW de capacité nucléaire sont encore destinées à être retirées dont 5 GW avant l’expiration de leur licence.

 

nucléaire américain
Centrale nucléaire de Byron qui fermera ses portes en novembre 2021 dans le comté d’Ogle dans l’État de l’Illinois aux États-Unis.

 

Combats sécuritaires et baisse des prix de l’électricité

Des fermetures souvent justifiées par des raisons environnementales ou de sécurité. Dans l’État de New York, par exemple, le gouverneur Andrew Cuomo a dénoncé le danger d’une centrale nucléaire située si prêt d’une zone densément peuplée.

La baisse des prix de gros de l’électricité est une autre raison avancée par les compagnies énergétiques pour fermer leurs centrales nucléaires. Une situation qui s’explique par l’abondance du gaz de schiste qui entraine fatalement la baisse du prix du gaz naturel, qui est resté à  environ 2$ / MMB, selon Wood Mackenzie.

 

Le nucléaire remplacé par le gaz naturel moins cher ?

Le déficit en nucléaire américain est donc compensé par l’augmentation de la production de gaz naturel. Le Cricket Valley Energy Center, une nouvelle centrale à gaz, a été mis en service en avril, le même mois que la fermeture de la centrale nucléaire d’Indian Point.

Si toutes les centrales nucléaires mises hors service venaient à être remplacées par des centrales au gaz naturel alors la consommation d’énergie augmenterait de 53 millions de m3/jour. Cela équivaut à environ 39 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an, selon S&P Global Platts. Une épine dans le pied de Joe Biden, qui souhaite pourtant miser sur le nucléaire pour décarboner l’économie américaine.

 

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La nouvelle centrale à gaz Cricket Valley Energy Center mise en service en avril 2021 à Dover dans l’État de New York aux États-Unis.

 

Le nucléaire pour une électricité sans carbone d’ici 2035

Le nucléaire est, en effet, la principale source d’électricité sans carbone aux États-Unis. En 2020, elle a fourni au pays 20,5% de l’électricité contre 11,1% pour les énergies éolienne et solaire, selon Wood Mackenzie. Avec un taux de facteur de charge de 92%, le nucléaire reste plus compétitif que les énergies renouvelables dont la production est intermittente. Il est donc normal que Joe Biden souhaite raviver cette filière qui lui permettra d’atteindre son objectif d’une électricité sans carbone d’ici 2035.

 

L’American Jobs Plan : $2000 milliards pour relancer le nucléaire américain

Le 31 mars, l’administration américaine a annoncé un projet de 2000 milliards de dollars accès sur la modernisation et la réparation des infrastructures : l’American Jobs Plan. L’administration Biden, souhaite notamment développer de nouveaux réacteurs avancés, soit les micro-réacteurs et les petits réacteurs nucléaires modulaires, d’ici 2050.

 

Réglementer l’énergie pour décarboner le secteur de l’électricité

La nouvelle norme fédérale en matière d’efficacités énergétique et d’énergie propre pourrait aussi faciliter la mise en place d’une neutralité carbone au sein du secteur de l’électricité. Cependant, les faibles majorités démocrates au sein des deux chambres du congrès rendent son avenir incertain.

Dans le même esprit, le sénat a adopté mercredi 28 avril une résolution pour rétablir les règles de l’ère Obama en matière de réglementation sur le méthane et les émissions connexes des installations pétrolière et gazières. Ces dernières avaient été supprimées par l’ancien président Donald Trump en septembre 2020. Espérons maintenant que la Chambre des représentants vote dans le même sens.

 

Les États fédéraux divisés face au nucléaire

Le président Américain se heurte, cependant, à un problème de taille. En effet, les États conservent le contrôle de la production à l’intérieur de leurs frontières. Certains sont d’ailleurs réticents à prioriser le nucléaire, plus cher que le gaz. L’Ohio a refusé une aide d’un milliard de dollars pour soutenir ses centrales nucléaires selon Wood Mackenzie. D’autres, au contraire, aident les compagnies énergétiques. Exelon a par exemple reçu une subvention de l’État de l’Illinois en 2016 pour maintenir ouvertes ses centrales de Quad Cities et de Clinton.

Le plus grand parc nucléaire mondial subit donc un déclin important à cause de son manque de compétitivité face au gaz naturel. Pourtant le président Joe Biden ne peut se passer de cette énergie pour atteindre la neutralité carbone dans le secteur de l’électricité. Une ambition qu’il a publiquement affiché à travers son plan pour les infrastructures.

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Baisse prévue des prix de l’énergie en 2024, malgré une hausse globale

En 2024, les prix de l’électricité et du gaz en France devraient baisser grâce aux récentes réformes gouvernementales et aux ajustements de marché. Toutefois, ils demeureront supérieurs aux niveaux pré-crise de 2021-2022, mettant en lumière les défis persistants et les stratégies nécessaires pour stabiliser le secteur énergétique dans un contexte post-crise.

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