La neutralité carbone est devenu un enjeu central pour les pétroliers. La compagnie Shell s’est fixée l’année 2050 pour l’atteindre. Les objectifs ne sont pas qu’écologiques, ils sont aussi économiques. A raison puisqu’à cause, notamment, de la pandémie actuelle et de l’ébranlement du marché pétrolier, la société anglo-néerlandaise a ainsi perdu plus de 21,7 milliards de dollars en 2020.
Shell a donc mis en place un agenda précis d’atteintes de palier de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). En parallèle, l’entreprise veut développer ses techniques de stockage et de compensation carbone, ainsi qu’investir sur d’autres marchés comme celui des énergies renouvelables (EnR).
Neutralité carbone : objectif central de Shell
Neutralité carbone pour 2050
Pour atteindre la neutralité carbone, la société Shell a mis en place un agenda précis. Elle veut diminuer de 6 à 8% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2023. Pour les années suivantes, 20% de réduction sont envisagées en 2030, 45% en 2035 et enfin 100% en 2050.
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Respecter sa politique des Powering Progress
Elle s’appuie, pour cela, sur sa stratégie entrepreneuriale appelée Powering progress. Les objectifs fixés sont d’atteindre la neutralité carbone, mais aussi de respecter l’environnement tout en satisfaisant les attentes économiques des clients. Avec une enveloppe de 5 à 6 milliards de dollars dans le marketing, cette stratégie permettra de sensibiliser les actionnaires aux énergies renouvelables.
Elle cherche ainsi à contribuer au but fixé lors de l’Accord de Paris sur le Climat. Rappelons qu’il prévoit de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport au niveau préindustriel.
Développer le stockage et la compensation carbone
25 millions de tonnes stockées par an d’ici 2035
En somme, pour atténuer son empreinte carbone, Shell envisage d’approfondir son expertise dans le captage et le stockage de carbone (CCS). Elle veut ainsi atteindre une capacité de stockage et de captage de 25 millions tonnes supplémentaire par an d’ici 2035. Elle s’appuie pour cela sur des structures déjà en place comme Quest au Canada. D’autres sont prévues comme Porthos en mer du Nord au large des côtés hollandaises.
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120 millions de tonnes compensées d’ici 2030
Elle s’engage également sur les solutions basées sur la nature (NBS) qui consiste à protéger ou redévelopper un écosystème. Cela passe par exemple par des investissements dans les projets de boisements et de reforestations. Le tout compenserait l’émission de 120 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030.
Rééquilibrer son modèle énergétique grâce aux énergies renouvelables
Shell mise particulièrement sur les biocarburants
Shell porte de grands espoirs sur les biocarburants, . En ce sens, par l’intermédiaire de sa joint-venture Raizen formée avec le brésilien Cosan, elle développe depuis plusieurs années du bioéthanol à base de canne à sucre. Shell souhaiterait multiplier par 2 sa production. En tout, 3,75 milliards de litre par an sont prévus soit 3% de la capacité mondiale.
En revanche, Shell accompagne plus faiblement le développement de l’hydrogène, du solaire et de l’éolien. En tout, 2 à 3 milliards de dollars seront investis pour ces trois domaines réunis.
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Mais aussi sur les voitures électriques
Shell compte également accroitre son offre électrique pour le secteur automobile en passant de de 60.000 à 500.000 points de recharge pour 2025. De plus, l’entreprise a signé récemment un accord pour acquérir 100 % d’Ubitricity, le leader mondial de bornes de recharges.
Une neutralité carbone pour 2050 réalisable ?
8 milliards d’investissements dans le pétrole
Les hydrocarbures conservent tout de même une place importantes dans l’avenir de la compagnie. Et même si sa production de pétrolière devrait diminuer de 1 à 2% par an, l’entreprise à déjà prévu 8 milliards de dollars pour l’exploration et la production.
Egalement, Shell mise toujours autant sur le gaz naturel liquéfié (GNL) avec des investissements à hauteur de 8 à 9 milliards de dollars.
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Une annonce critiquée par les ONG
Au final, la part des investissements pour les hydrocarbures représentent encore plus de 80% des investissements. Ceux dans les EnR ne représentent que 10%.
Cela suscite de nombreuses critiques parmi les ONG en faveur de la protection de l’environnement. En ce sens, Greenpeace a déjà eu recours à la justice pour pousser Shell à réduire son empreinte carbone. La plus récente procédure date de décembre 2020.
En somme, l’entreprise Shell souhaite faire évoluer son modèle vers les énergies renouvelables et bas carbone. Néanmoins, ses lourds investissements dans le pétrole devraient contrebalancer toute une série d’efforts effectués. Si Shell souhaite investir dans les biocarburant, l’hydrogène, l’éolien, le solaire et les stations pour voitures électriques, le chemin est encore long vers la neutralité carbone en 2050.