Le terminal libyen d’Es Sider a fermé dès le matin du 10 juin, après que les protestations aient commencé jeudi. La fermeture du champ de Sarir relié au terminal de Marsa el-Hariga, a également été confirmée. Certaines sources s’attendent à présent à ce que Marsa el-Hariga soit la prochaine cible des manifestants.
La production de pétrole libyen est à l’arrêt
Plus de la moitié de la production pétrolière de la Lybie est désormais hors service. En cause, l’escalade des tensions entre les deux gouvernements, qui se disputent le pouvoir et les revenus pétroliers. Les actions les plus récentes sont le blocage de Sarir et d’Es Sider.
Ces manifestations sont soutenues par l’Armée nationale libyenne, force autoproclamée en faveur du gouvernement de stabilité nationale. Dirigée par le général Khalifa Haftar, l’ANL contrôle la plupart des infrastructures pétrolières et gazières de Lybie. Elle ne contrôle cependant ni les ventes, ni la distribution des revenus.
Sarir et Es Sider ne sont pas les seuls sites victimes
Les protestations se sont également étendues au port de Ras Lanuf, qui a une capacité de 200 000 b/j. Une source anonyme a déclaré :
« Les manifestants sont entrés dans Es Rider et Ras Lanuf, proférant des menaces de restriction des opérations. Un pétrolier à Ras Lanuf a été autorisé à charger et à partir. La fermeture d’Es Sider est maintenant confirmée. Les manifestants semblent s’identifier aux habitants du ‘croissant pétrolier’, ce qui souligne l’implication de la LNA. »
Les opérations sur Sharara, le plus grand champ pétrolier libyen, sont aussi entravées par des problèmes techniques et de sécurité. De plus, les exportations de brut des terminaux de Brega, Zueitina et Mellitah sont toujours bloquées. Cela représente respectivement 90 000 b/j, 90 000 b/j et 70 000 b/j.
La Libye paralysée par la rivalité de ses deux gouvernements
En Lybie, les relations entre les gouvernements d’unité et de sécurité nationale se sont détériorées ces derniers mois. Abdul Hamid Ddeibah, Premier ministre du GNU, a refusé de céder le pouvoir à Fathi Bashagha, Premier ministre du GNS. Selon lui, le quorum nécessaire pour accorder la confiance du Parlement n’a pas été atteint.
Les analystes de S&P Global s’attendent à « des perturbations plus importantes et plus durables » face à une « impasse inextricable ». Dans une note récente, ils expliquent :
« Le prochain point chaud pourrait être l’expiration, le 21 juin, de la feuille de route de l’ONU, qui amènera probablement Haftar et ses alliés politiques à augmenter la pression dans le but d’écarter le Premier ministre intérimaire Ddeibah ».
Un potentiel énorme anéanti pour le pays
La Lybie détient les plus grandes réserves pétrolières prouvées d’Afrique. Ses principaux bruts d’exportations, Sharara et Es Sider, donnent une grande quantité de distillats moyens et d’essence. Pour cela, le pétrole brut libyen est populaire auprès des raffineries de la région méditerranéenne et de l’Europe du Nord-Ouest.
Or, en conséquence des tensions politiques, la production de brut du pays reste bien en deçà de sa capacité. En mai, elle a chuté à 770 000 b/j, alors que sa capacité actuelle atteint 1,2 millions b/j. C’est son niveau le plus bas depuis 16 mois, selon la dernière enquête Platts OPEC+ de S&P Global.
De fait, l’industrie pétrolière libyenne est à la merci des groupes se disputant le contrôle des actifs précieux depuis 2011. Des attaques armées ont ainsi lieu contre les principaux oléoducs et les installations de production.