Le Royaume-Uni modifie sa politique énergétique pour accélérer la construction de centrales nucléaires et favoriser l’essor des petits réacteurs modulaires (SMR). Jusqu’à présent, le développement de nouveaux sites était limité à huit emplacements présélectionnés. Désormais, les installations pourront voir le jour sur l’ensemble du territoire en Angleterre et au Pays de Galles, sous réserve de critères spécifiques.
Des conditions assouplies pour relancer le nucléaire
Cette annonce s’inscrit dans la volonté du Premier ministre Keir Starmer de renforcer la sécurité énergétique britannique. Il estime que le pays est trop dépendant du gaz naturel, dont l’approvisionnement reste vulnérable aux tensions géopolitiques. Pour accélérer le déploiement du nucléaire, Londres s’apprête à réformer les règles d’aménagement du territoire, souvent considérées comme un frein au développement de nouvelles infrastructures.
Le gouvernement insiste cependant sur la nécessité d’appliquer des critères stricts dans le choix des emplacements. Les projets devront respecter des restrictions, notamment à proximité des zones densément peuplées et des sites militaires.
Les petits réacteurs modulaires en ligne de mire
L’intégration des SMR dans la législation vise à encourager cette technologie présentée comme une alternative plus accessible aux grands réacteurs classiques. Ces unités de taille réduite pourraient être plus simples à financer et à construire, mais leur mise en service reste lointaine. À ce jour, aucun prototype opérationnel n’existe, et les défis liés aux coûts et à la réglementation demeurent importants.
Quatre entreprises sont encore en lice pour le développement des SMR au Royaume-Uni : Rolls-Royce, GE-Hitachi, Holtec et Westinghouse. EDF, initialement intéressé, a retiré sa candidature à l’été 2024. En parallèle, le groupe français continue de porter les projets de nouveaux réacteurs traditionnels, notamment Hinkley Point C et Sizewell C.
Un secteur nucléaire sous pression
Malgré cette impulsion politique, le nucléaire britannique doit composer avec plusieurs contraintes. Le parc existant est vieillissant, et la construction de nouveaux réacteurs se heurte fréquemment à des dépassements de coûts et de délais. Le gouvernement mise sur une diversification des acteurs et des modèles technologiques pour dynamiser le secteur, mais l’issue de cette stratégie reste incertaine.
Greenpeace, critique de la filière, rappelle que les SMR restent une technologie non éprouvée et que l’historique des projets nucléaires est marqué par des surcoûts. Pourtant, pour Londres, l’urgence énergétique impose des décisions rapides, quitte à lever certains obstacles réglementaires.