Des camions de carburant ont quitté le dépôt TotalEnergies de Mardyck, près de Dunkerque (Nord), peu après 16H00 jeudi, les premiers depuis plus de deux semaines, après un arrêté de réquisition obligeant des salariés en grève à venir travailler, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le dépôt des Flandres, qui alimente près de la moitié des Hauts-de-France, ne livrait plus de carburant depuis le 26 septembre, provoquant d’importantes difficultés d’approvisionnement depuis début octobre dans la région.
La préfecture des Hauts-de-France estime que la moitié au moins des stations-service y sont indisponibles.
Après le site d’Esso-ExxonMobil en Normandie mercredi, le gouvernement a décidé de réquisitionner ce dépôt de TotalEnergies jeudi. Le préfet du Nord a pris un arrêté imposant à une équipe de six salariés d’aller travailler, qui court jusqu’à vendredi 6H00 du matin. Un autre pourrait être promulgué dans la
foulée.
Deux heures après l’arrivée jeudi de la première équipe de salariés réquisitionnés, des camions ont quitté le dépôt et pris la route sans encombre, en présence de deux fourgons de CRS, a constaté un journaliste de
l’AFP, tandis que les grévistes restaient rassemblés sur un piquet de grève à environ 800 mètres de là.
Une assemblée générale est prévue à 6H00 vendredi, au changement de quart, pour décider de la suite du mouvement, à l’issue de négociations prévues jeudi à partir de 20H00 entre la direction de TotalEnergies et les syndicats, a indiqué à l’AFP Clément Mortier, secrétaire général FO.
Dans son arrêté, la préfecture souligne que la grève a entraîné des files d’attente pouvant atteindre 2 km, créant des dangers pour la circulation routière et des frictions entre automobilistes, et qu’”avec le temps, la pénurie fragilise les personnes vulnérables”.La préfecture fait valoir que ces réquisitions , “très ciblées”, permettent d’assurer à la fois “dialogue social et responsabilité”.
Habituellement, une centaine de camions transportant en moyenne 30.000 litres de carburant quittent chaque jour le site de TotalEnergies à Mardyck.
Sur le site TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), également en grève pour les salaires, le secrétaire CGT Fabien Privé Saint-Lanne a dénoncé “l’envoi de gendarmes réquisitionner des grévistes sur le site de Flandres”. “La CGT a fait le constat qu’aujourd’hui en France, ce n’est plus le président de la République qui commande, c’est Patrick Pouyanné”, le PDG de TotalEnergies, a ironisé le syndicaliste de Donges où, selon lui, “aucune goutte de carburant” ne sort des installations “ni par +pipe+, ni par wagon, ni par camion, ni par bateau”.
En cas de prolongation de la grève vendredi à la mi-journée sur le site de Donges, “se posera la question de l’arrêt complet des installations, donc d’un mouvement qui se durcirait” et des “problèmes de pénurie (qui) n’iront pas en s’arrangeant”, a estimé M. Privé Saint-Lanne.