De longues coupures de courant paralysent Nouakchott depuis la fin de juin, obligeant entreprises et foyers à suspendre leurs activités pendant plusieurs heures quotidiennes. Les interruptions, qui se prolongent parfois au-delà de six heures, mettent en évidence la fragilité du réseau de la Société Mauritanienne d’Électricité (SOMELEC). Selon Agence Ecofin l’a rapporté le quinze juillet, la capitale concentre plus de moitié de la demande nationale. La crise rappelle l’écart entre le potentiel énergétique du pays et la réalité opérationnelle sur le terrain.
Infrastructure vieillissante
Le Pacte national de l’énergie, lancé en deux mille vingt-deux dans le cadre de l’initiative Mission300, ambitionne de porter le taux d’accès à l’électricité de cinquante-cinq pour cent à 100 % d’ici 2030. Pourtant, Le360 a rapporté le quatorze juillet que la SOMELEC absorbe chaque année environ deux pour cent du produit intérieur brut en transferts publics. Ce poids a culminé à 3.2 % en 2019, signe d’un modèle économique difficilement soutenable. Faute d’investissements ciblés, la société peine à entretenir un parc thermique déjà vieillissant.
En 2023, la production mauritanienne a totalisé 1.66 TWh pour une puissance installée de six cent quinze MW, mais à peine cinq cent vingt MW étaient effectivement disponibles aux heures de pointe. Cette marge réduite laisse peu de place aux aléas techniques, d’où la fréquence croissante des délestages. Les pertes technico-commerciales approchent les 30 % du courant injecté, selon les données officielles. Les quartiers périphériques de Nouakchott, moins bien raccordés, sont les premiers touchés par ces fluctuations.
Poids financier
Le ministre de l’Économie Sid Ahmed Ould Bouh a déclaré que « l’offre actuelle reste insuffisante face à une demande en forte progression », propos repris par Saharamedias le douze juillet. L’État subventionne toujours l’achat de combustibles fossiles, limitant les marges de manœuvre budgétaires pour la modernisation du réseau. Les experts de la Banque mondiale estiment qu’une hausse annuelle de la demande de sept % pourrait entraîner des déficits de production supérieurs à cent mégawatts dès 2027. La dépendance aux hydrocarbures importés expose aussi la facture énergétique nationale aux variations des cours internationaux.
D’après le ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, la part des énergies renouvelables doit atteindre soixante-dix pour cent du mix d’ici 2030 grâce à l’éolien du désert et au solaire. Le même document prévoit de multiplier la capacité installée par 1.66, soit plus de mille MW à la fin de la décennie. Ces objectifs supposent la mise en service rapide du champ gazier offshore Grand Tortue Ahmeyim. Dans l’immédiat, les habitants de Nouakchott continuent de dépendre de centrales diesel dont la fiabilité décline.
Modernisation nécessaire
Les ingénieurs de la SOMELEC estiment qu’un remplacement prioritaire de deux cents kilomètres de câbles urbains réduirait les pertes de cinq points. Les bailleurs internationaux, dont la Banque islamique de développement, conditionnent toutefois leurs prêts à une baisse du déficit d’exploitation. Les retards de paiement des gros consommateurs publics aggravent la trésorerie de l’opérateur, créant un cercle vicieux entre sous-investissement et pannes. Tant que cette rénovation n’aura pas démarré, les délestages risquent de demeurer la norme pour la capitale.