54 GW de nouvelles installations sont ainsi à prévoir selon l’association sectorielle SolarPower Europe. En dépit du rebond du coût actualisé de l’énergie prévu, la part du solaire dans le mix énergétique européen devrait doubler.
L’aube de l’âge solaire en Europe
Michael Schmela, directeur Market Intelligence chez SolarPower Europe, déclare :
« On se souviendra peut-être de 2022 en Europe comme l’avènement de l’ère solaire. »
Il note l’importance de la guerre en Ukraine et des palliatifs nécessaires au gaz russe. Il ajoute que l’énergie solaire coche les trois cases de la trilemma énergétique : la durabilité, l’abordabilité et la sécurité de l’approvisionnement.
Bruno Brunetti, responsable mondial de l’analyse de l’électricité à faibles émissions de carbone chez S&P déclare :
« Malgré une incertitude à court terme créée par l’inflation, les plafonds de revenus et la réforme du marché, l’accélération de l’énergie solaire distribuée et la reprise de projets contribuent à soutenir la croissance du secteur solaire en Europe. L’Europe occidentale continuera ainsi à mener le boom solaire. La part du solaire devrait doubler de 8% actuellement à 20% en 2030. »… »De solides objectifs d’approvisionnement des entreprises en énergies renouvelables soutiennent la croissance du secteur solaire, à la fois via les PPA et les GO. »
Pour M. Brunetti, les GO de l’UE devraient atteindre une moyenne de 6 euros/MWh en 2023. Par ailleurs, les analystes S&P relèvent de 5 à 6 GW/an leurs prévisions d’ajouts solaires sur la période 2022-2027. Ces ajouts contribueront ainsi à la croissance du secteur solaire en Europe.
La plateforme de tarification des AAE Pexapark citait un indice AAE sur 10 ans pour le solaire européen à 83.52 euros/MWh le 20 décembre. Ce qui correspond à une hausse de 29% par rapport aux niveaux antérieurs.
Cependant, les prix régionaux peuvent différer considérablement, et affecter ainsi la croissance du secteur solaire en Europe. L’indice Pexapark pour l’Espagne était fixé à 52.54 euros/MWh tandis que l’indice pour l’Allemagne était fixé à 92.86 euros/MWh.
La hausse du coût des projets solaires liée à l’inflation
Selon S&P, les hausses des prix des modules solaires devraient diminuer à mesure que les goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement se résorberont et que le coût des matières premières baissera. À titre d’exemple, le prix du silicium poly cristallin s’est replié au T4 2022 à 35.48 USD/kg. Cela représente une baisse de 8% par rapport au T3.
Un autre élément affecte la croissance du secteur solaire en Europe. Les dépenses d’investissement moyennes pour un projet solaire sont en hausse, particulièrement en Allemagne. Cette augmentation est d’environ 30% sur les deux dernières années, fixant la moyenne à 640.000 USD/MW. Ainsi, les modules photovoltaïques représentent à eux seuls 45% du coût en Allemagne. Cependant, l’Allemagne pourrait lever son soutien aux enchères d’énergie solaire et ce pour diverses raisons selon S&P.
Par ailleurs, toujours selon S&P, les LCOE solaires devraient s’atténuer à nouveau en 2023 et reculer à plus long terme. Les LCOE allemands devraient chuter de 50 USD/MWh en 2022 à 35 USD/MWh en 2023. À titre de comparaison, les LCOE espagnols devraient chuter d’environ 40 USD/MWh en 2022 à 20 USD/MWh en 2023.
Retour de l’énergie solaire au premier plan en Europe
Parallèlement, la dépendance croissante à l’égard de la Chine devient un problème pour la croissance du secteur solaire en Europe. Ursula Von Der Leyen, présidente de la CE, propose en palliatif la création d’un club des matières premières. Elle prévoit un soutien supplémentaire pour contrer la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA). En effet, celle-ci a des objectifs similaires à Repower Eu.
Selon S&P, le renforcement des infrastructures du réseau et des compétences de la main d’oeuvre sont les axes les plus importants au-delà d’un cadre réglementaire stable. Par ailleurs, les deux tiers de la capacité solaire installée de 209 GW de l’UE se trouvent toujours sur les toits. Ce segment, qui progresse plus rapidement que les projets de grande ampleur, sera d’une importance croissante selon Schmela.
Schmela de S&P estime également que le secteur des batteries deviendra viable notamment à cause de la hausse des factures d’électricité. S&P calcule que le marché des batteries devrait atteindre 9.3 Gwh de capacité d’ici fin 2022 soit plus du triple de 2020. 1 million de foyers européens seraient alors équipés de batteries. Schmela déclare :
« Technologie parfois négligée, les batteries sont essentiellement devenues un composant standard des systèmes solaires domestiques sur les principaux marchés. »
Les exigences obligatoires en matière de panneaux solaires que l’UE met en place contribueront à accélérer la transition énergétique vers le photovoltaïque. Brunetti de S&P déclare qu’il reste néanmoins une incertitude majeure pour 2023 : la réforme prévue du marché du gaz et de l’électricité de l’UE. En effet, celle-ci vise à rompre le lien entre les prix de l’électricité et du gaz. Un grand nombre de modèles sont débattus pour définir les modalités de croissance solaire en Europe . Cependant, il n’y a pas de directives claires sur la façon de s’éloigner du modèle de prix marginal ou sur l’opportunité de le faire.