Le pétrole koweïtien s’épuise progressivement au Koweït. Face à la demande mondiale élevée, le membre de l’OPEP plafonne sa capacité à apporter davantage de pétrole brut. S’ajoute à cela, la pression de ses principaux clients pour une baisse des prix. Le prêt de 1 milliard de dollars avec le Japon est une solution.
Alors que la demande mondiale explose, le Koweït voit son pétrole diminuer progressivement. Son principal champ pétrolier vieillit. La solution principale est donc de faire appel à des expertises et des financements internationaux. Malgré la réticence du Koweït aux investissements étrangers, l’aide financière nippone se révèle précieuse.
Le pétrole koweïtien, une denrée en voie de disparition
Le gisement de Greater Burgan est la principale source d’approvisionnement du Koweït. C’est la deuxième plus grande source au monde. Ce gisement produit déjà jusqu’à 95% de sa capacité. Combinée d’injection de gaz et inondation, la production s’élève à environ 1,6 million de b/j.
Toutefois, ce grand réservoir vieillit. Pour y remédier, la société d’État Kuwait Petroleum Co (KPC) prévoit un centre de collecte d’une capacité de 100.000 b/j à Burgan.
De plus, l’entreprise publique développe son activité dans la zone neutre partagée entre le Koweït et l’Arabie saoudite. Les champs de la zone neutres sont susceptibles d’augmenter la production du Koweït. À l’heure actuelle, aucun projet n’a été approuvé. Cependant, en raison de la fermeture des installations pendant plusieurs années, ces projets sont techniquement difficiles.
Pour rajeunir les champs vieillissants, le pays doit recourir à un savoir-faire international. Selon les analystes, il faut apporter des modifications à la loi pétrolière du pays. Ces modifications inciteraient les majors pétroliers à participer.
Grâce aux investissements dans le secteur, le pays en tant que fournisseur fiable, assure les exportations de ses produits pétroliers. On peut citer notamment la raffinerie d’Al-Zour de 615 000 b/j. Actuellement en phase de test, elle devrait atteindre sa pleine capacité début 2023.
Des difficultés politiques au Koweït impactent le pétrole koweïtien
L’absence de parlement fonctionnel et de gouvernement complique la tâche. En avril, le gouvernement koweïtien démissionne. En juillet, le parlement se dissout pour la deuxième fois cette année.
Dans l’attente de nouvelles élections, le nouveau Premier ministre Sheikh Ahmas Nawaf al-Sabah se charge de former le nouveau gouvernement du Koweït. Étant donné qu’il est nécessaire de modifier la loi pétrolière, le Parlement joue donc un rôle crucial.
En outre, l’analyste pétrolier indépendant koweïtien, Kamil al-Harami a déclaré:
« Les entreprises internationales hésitent à venir au Koweït si nous ne concluons pas une sorte d’accord de partage ou de rachat comme elles l’ont fait avec Abu Dhabi, le Qatar [et] Oman (…) Mais c’est très, très difficile, voire impossible, pour nous d’observer ou de nous conformer. »
L’aide du Japon
Alors que le pays est réticent aux investissements étrangers, le Koweït pourrait faciliter les prêts des acheteurs. Par conséquent, les sociétés de services participeraient à l’effort du pays. Cela permettrait de sécuriser le marché pour la production future.
Par exemple, la société japonaise, Nippon Export and Investment Insurance signe en mars un accord préliminaire de coopération énergétique avec KPC.
D’après le protocole d’accord, KPC recevra 1 milliard de dollars sous forme de facilité de prêt de la part d’un consortium de banques japonaises et occidentales. Cela permettra d’aider l’entreprise publique koweïtienne à renforcer sa capacité en amont. Toutefois, l’instabilité gouvernementale freine le progrès.
Selon une source bancaire japonaise, le travail est en cours concernant la facilité de prêt.
L’intérêt du pays du soleil levant
En 2021, le Koweït est le troisième fournisseur du Japon. Suite à l’invasion de l’Ukraine, le Japon souhaite diversifier ses importations de pétrole brut russe.
De plus, le Japon vise à réintégrer le secteur par ses investissements au Koweït. Cela permettrait de relancer sa production ainsi que ses exportations de brut.
Par ailleurs, une source au courant des discussions passées a déclaré :
« De nombreux Japonais impliqués dans ces négociations en ont ressenti de l’amertume (…) Le pétrole koweïtien semble convenir à un sweet spot moyennement acide pour le Japon, donc en substance, oui, donc on peut dire que le brut est assez précieux ».
Les perspectives pour les prochaines années
D’ici 2040, KPC prévoit d’augmenter la capacité de production de pétrole koweïtien à 4,75 millions de b/j. Ce projet datant de 2018 a été considéré comme très ambitieux à l’époque. Depuis, cet objectif a été revu à la baisse, soit 3,5 millions b/j d’ici 2025 et 4 millions b/d d’ici 2040. Malgré les baisses d’ambition, les analystes mettent en garde sur les difficultés à réaliser ces objectifs.
À moyen terme, Lower Fars, qui est en deuxième phase de développement, doit être mis en service d’ici 2023. D’ici la fin de la décennie, la production de pétrole lourd augmenterait jusqu’à 200.000 b/j.
Selon Platts Analytics, la production du Koweït pourrait augmenter de 30.000 b/j par rapport aux niveaux actuels. À noter, le vieillissement de son champ principal, les réticences du marché ainsi que l’instabilité gouvernementale expliquent cette donnée.
En somme, le pays mise également sur le développement et la vente de volumes provenant de ses projets de gaz. Ces projets se situent dans les régions du nord telles que Sabriya. Le condensat serait vendu sous forme de pétrole brut, avec la qualité Kuwait Super Light.
Ainsi, réputé pour son aversion pour les investissements étrangers, le Koweït doit surmonter ce défi. Grâce à un financement et une expertise de rang international, le pays pourrait inverser la tendance.