Le gouvernement a appelé dimanche à “se mettre rapidement en ordre de bataille” pour faire face à l’éventualité d’une coupure totale des approvisionnements en gaz russe. Ce serait « l’option la plus probable” selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
“Préparons-nous à la coupure totale du gaz russe, c’est aujourd’hui l’option la plus probable. Ça suppose que nous accélérions notre indépendance énergétique”, a plaidé le numéro 2 du gouvernement français. Il veut profiter de l’été pour “se mettre en ordre de bataille” avant l’hiver.
“Il faut se mettre dans le scenario du pire, car il existe. À tout moment, la Russie peut interrompre totalement ses livraisons de gaz”, a renchéri Agnès Pannier-Runacher.
En matière d’approvisionnement, “on peut avoir des tensions sur le gaz cet hiver”, avait averti dès samedi la Première ministre Elisabeth Borne lors d’une rencontre avec la presse.
“Face à ce risque, nous agissons, en diversifiant nos sources d’approvisionnement en gaz, en augmentant nos capacités avec le projet de terminal méthanier flottant au Havre, et en accélérant le stockage”, a expliqué Mme Pannier-Runacher.
Le gouvernement a notamment demandé le remplissage à “près de 100%” des capacités de stockage de gaz nationales d’ici au début de l’automne.
“Sur l’électricité, normalement, selon les projections d’EDF, on devrait avoir une production plus forte au fur et à mesure” que les douze réacteurs (sur 56) actuellement à l’arrêt pour corrosion redémarreront, a indiqué samedi Mme Borne.
Mais si l’électricité venait à manquer, le gouvernement prépare pour l’hiver une série de mesures destinées à prioriser les ménages. La priorité sera aussi accorder à certaines industries.
“Evidemment on préserve les ménages et on ne coupe pas les usines ou les transports en communs”, a détaillé Mme Borne.
“Il faut nous mettre en ordre de bataille maintenant sur l’organisation, le délestage, la sobriété, la réduction de consommation. C’est maintenant que nous devons prendre les décisions”, lui a fait écho le ministre de l’Economie.
“Répartir l’effort «
Ainsi certains sites industriels pourraient se voir demander de “ralentir leur consommation d’énergie. Il évoque même l’arrêt de leur consommation d’énergie pendant un certain temps”, a expliqué M. Le Maire, tout en précisant que “c’est totalement impossible” pour certains sites, afin de ne pas “casser l’outil industriel”.
Devant le risque que Vladimir Poutine coupe le robinet du gaz à l’Europe, “une option crédible” a dit Bruno Le Maire. Il faut par conséquent “anticiper les conséquences”.
“Il faut répartir l’effort entre administrations, particuliers et entreprises”, a expliqué Bruno Le Maire, dans une France qui se dit dans une situation plus “favorable” que ses voisins.
Le gouvernement a lancé trois groupes de travail pour améliorer la sobriété énergétique dans l’administration. Cela devrait aussi toucher les entreprises et les établissements recevant du public.
L’objectif est d’établir une feuille de route permettant de réduire de 10% la consommation d’énergie d’ici deux ans. Cela, par rapport à 2019.
“La sobriété, c’est un changement complet de nos comportements, pour nous chauffer, pour nous déplacer, pour produire. Et c’est la clef pour ne pas être dans la main d’un ennemi géopolitique”, a affirmé la ministre de la Transition énergétique.
“C’est une affaire de plusieurs mois, mais (cela) doit nous amener aussi à prendre un certain nombre de décisions. Elles doivent porter sur l’investissement, a soutenu Bruno Le Maire sur LCI.
Le risque de pénuries d’énergie ne s’arrête d’ailleurs pas aux frontières françaises. De fait, la présidente de la Commission européenne a appelé les Etats de l’Union européenne à se “préparer à des perturbations. Elle évoque même une coupure complète de la part de la Russie.”
L’Allemagne, autrement plus dépendante au gaz russe que la France, est déjà sur le qui-vive. Le Bundestag a adopté un plan d’économie: plus de chauffage au-dessus de 20 degrés l’hiver. S’ajour à cela plus d’eau chaude dans les bureaux individuels, par exemple.