L’Allemagne arrête 3 Réacteurs Nucléaires

L’Allemagne arrête ce vendredi 31 décembre 2021 trois de ses six derniers réacteurs nucléaires en activité. En pleine crise énergétique, la première économie d’Europe se tourne résolument vers les énergies renouvelables (EnR).

L’Allemagne se passe de 4,2GW d’énergie nucléaire

À la veille de 2022, l’Allemagne continue sa politique de démantèlement de son parc nucléaire. À commencer par deux réacteurs à eau pressurisée, la technologie la plus répandue dans le monde.

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Dans le länder Schleswig-Holstein, le réacteur de Brokdorf est ainsi mis à l’arrêt. Entré en activité en 1986, le réacteur qu’exploite E.ON (80%) et Vattenfall (20%) développe 1440 MW de puissance.

En Basse-Saxe, le gouvernement met à l’arrêt le réacteur de Grohnde de E.ON (83,3%) et de la ville de Bielefield (16,7%). Ce réacteur à eau pressurisée, entré en service en 1984, développe 1430 MW de puissance.

Enfin, le réacteur à eau bouillante Gundremmingen C de 1344 MW en Bavière est également mis à l’arrêt. Entré en service en 1967, il est exploité par une co-entreprise entre RWE (75%) et E.ON (25%).

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Centrale nucléaire de Brokdorf. (Source : wikipédia)

Fin du démantèlement en 2040?

Ces trois réacteurs entrent ainsi en phase de démantèlement. Une étape qui pourrait durer 10 à 20 ans pour s’achever d’ici à 2040 selon Tobias Buehler, maire de Gundremmingen.

E.ON estime le coût total du démantèlement à €1,1 milliard par centrale. En 2020, l’entreprise provisionnait €9,4 milliards pour la phase de post-exploitation nucléaire. Celle-ci comprend le démantèlement de l’installation, le conditionnement et le nettoyage des déchets radioactifs.

Ainsi, il ne restera, en 2022, plus que trois réacteurs en activités sur les 35 du parc allemand. Le pays marque donc une nouvelle étape dans sa politique de retrait de l’énergie issue de l’atome.

Changement de paradigme énergétique

Le gouvernement lance cette démarche en 2002, 16 ans après la catastrophe de Tchernobyl. Mais en 2011, la catastrophe de Fukushima donne un coup d’accélérateur et conforte Angela Merkel, alors chancelière de la République Fédérale d’Allemagne, dans le choix d’arrêter l’exploitation nucléaire.

Le gouvernement se dote alors d’objectifs énergétiques ambitieux réactualisés, en 2021, avec l’arrivée du nouveau chancelier Olaf Scholz. Désormais, « pour le secteur de l’énergie en Allemagne, la sortie du nucléaire est définitive », déclare Kerstin Andreae, directrice de l’association du secteur de l’énergie BDEW.

Les trois dernières centrales, Isar 2, Emsland et Neckarwestheim II, seront ainsi arrêtées d’ici à la fin de 2022.

À eux seul, les six réacteurs produisaient, en 2021, 12% de l’électricité allemande selon le BDEW. D’autant que la part des énergies renouvelables recule cette année, passant de 45% en 2020 à 41% en 2021. Le nouveau gouvernement renforce tout de même la politique de déploiement des énergies vertes.

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À gauche, le ministre des Finances Christian Lindner, au centre gauche, le chancelier Olaf Scholz, au centre droit, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, à droite, le ministre de l’Économie et du Climat Robert Habeck. (Source : LesEchos)

Objectif 80% d’EnR en 2030

L’Allemagne souhaite en effet que les énergies renouvelables représentent 80% de son mix électrique en 2030. Il s’agit, pour cela, de connecter d’ici à 2026, 35 à 40 GW d’EnR supplémentaires au réseau selon http://energynews.pro/wp-content/uploads/2022/07/RENTEL-POWERPLUG-KLOET-061dd11042019-7.jpeg König, responsable des réseaux d’énergie au sein du Directoire d’E.ON.

De son côté, le BDEW estime que la seule capacité éolienne doit augmenter de 130 GW supplémentaire d’ici à 2030. Soit un rythme d’ajout de 25 à 38 turbines par semaine. En 2020, le rythme moyen était de huit turbines par semaine.

Quant à l’énergie solaire, le gouvernement propose de tripler les capacités d’ici à 2030. Elles devront donc passer de 58 à 200 GW. En parallèle, l’Allemagne comme tous les pays d’Europe, doit faire face à une crise énergétique d’ampleur.

L’Europe en crise énergétique

Depuis mi-2021, les prix de l’énergie s’envolent dans un contexte où l’approvisionnement gazier est rendu complexe par des tensions entre l’Occident et la Russie. La situation de l’Ukraine au centre des débats fait craindre un retard considérable dans la certification du Nord Stream 2.

Le gazoduc doit doubler les approvisionnements de gaz russe vers l’Allemagne. Permettre ainsi au pays de combler la baisse de ses ressources en nucléaire et charbon. Avant d’atteindre ses objectifs de déploiement des EnR.

Retour au nucléaire

Dans le reste de l’Europe, les performances des renouvelables n’ont pas été à la hauteur de la crise. Au Royaume-Uni, de longues périodes sans vent l’ont même aggravé. Par ailleurs, certains pays reviennent sur leur abandon du nucléaire.

La Belgique arrête ses derniers réacteurs, mais souhaite développer le nucléaire de nouvelle génération. Aux Pays-Bas, le nouveau gouvernement prévoit d’injecter €440 millions pour le maintien de son parc et la construction de nouvelles centrales d’ici à 2025.

Enfin, l’Union Européenne s’apprête à intégrer l’énergie de l’atome dans sa taxonomie verte. Permettre ainsi d’allouer des subventions à cette énergie que la législation considérera comme bas-carbone.

États-Unis : restriction sur l’importation d’uranium russe

La nouvelle législation américaine définit par une législation rigoureuse pour restreindre les importations d’uranium faiblement enrichi (LEU) restreint les importations d’uranium russe pour renforcer la sécurité énergétique nationale et stimuler le secteur nucléaire local.

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