Le ministère des Ressources minérales et de l’Énergie d’Afrique du Sud a confirmé la levée imminente du moratoire sur le gaz de schiste, instauré en 2011. Ce changement de cap vise à renforcer l’approvisionnement énergétique national en exploitant le potentiel du bassin du Karoo, identifié depuis plusieurs années comme une réserve stratégique pour la production de gaz non conventionnel. Le projet intervient alors que les délestages électriques chroniques fragilisent durablement l’économie du pays.
Le ministre Gwede Mantashe a indiqué que la publication des nouvelles réglementations sur la fracturation hydraulique est attendue dans les prochaines semaines. Celles-ci intégreront des dispositions sur la sécurité opérationnelle et les normes environnementales spécifiques à cette technologie. La précédente tentative de régulation avait été annulée par la Haute Cour en 2017, en raison de garanties jugées insuffisantes en matière de protection de l’environnement.
Une ressource nationale pour contrer les limites du charbon
L’Afrique du Sud produit toujours plus de 70 % de son électricité à partir du charbon, et le ralentissement des projets de renouvelables limite les alternatives à court terme. Dans ce contexte, le gaz de schiste est perçu par Pretoria comme une source transitoire capable de soutenir le système électrique. L’Académie des sciences d’Afrique du Sud estime qu’une réserve de 5 trillions de pieds cubes (environ 141 milliards de mètres cubes) suffirait à alimenter une centrale de 1 000 à 2 000 MW pendant plusieurs décennies.
Des études antérieures évoquent un potentiel estimé entre 13 et 209 trillions de pieds cubes (entre 368 et 5 919 milliards de mètres cubes) dans le bassin du Karoo, ce qui en ferait l’un des plus grands gisements non conventionnels d’Afrique. Les autorités misent désormais sur ce potentiel pour diversifier un mix énergétique encore largement dominé par les combustibles fossiles.
Vers une coopération technique avec les États-Unis
En parallèle, la présidence sud-africaine a confirmé son intérêt pour une coopération avec les États-Unis afin de bénéficier de technologies de pointe dans le domaine de la fracturation hydraulique. Ce partenariat vise à sécuriser un transfert technologique adapté aux conditions géologiques du Karoo, région semi-aride où la rareté de l’eau constitue un obstacle majeur.
Malgré les ambitions affichées, le projet reste confronté à une opposition persistante liée aux risques pour les nappes phréatiques et les écosystèmes fragiles. L’acceptabilité sociale du projet demeure incertaine, alors que les collectivités locales exigent des garanties sur l’impact à long terme des forages. Le gouvernement devra également intégrer les précédentes décisions judiciaires dans son nouveau cadre réglementaire pour éviter de nouveaux recours.