La Hongrie a soumis au parlement un projet de loi permettant l’augmentation des coûts prévus pour le projet Paks II. Initié en 2014, ce projet vise à étendre la capacité de la centrale nucléaire de Paks, qui produit actuellement 50 % de l’électricité nationale. Deux nouveaux réacteurs doivent être construits en partenariat avec Rosatom, géant russe du nucléaire, afin de renforcer l’indépendance énergétique du pays et répondre à une demande croissante d’électricité.
Contexte et enjeux du projet Paks II
Le projet Paks II représente une priorité pour la Hongrie, notamment dans le cadre de sa stratégie de diversification énergétique. Il vise à réduire la dépendance aux importations de gaz naturel, particulièrement en provenance de Russie, tout en assurant la stabilité des prix de l’énergie à long terme. Toutefois, le choix de Rosatom, sans appel d’offres, a suscité des critiques de la part des partenaires européens, soucieux des implications géopolitiques d’un tel partenariat.
Raisons de l’augmentation des coûts
Le gouvernement justifie l’augmentation budgétaire par plusieurs facteurs :
– Inflation mondiale : Les prix des matériaux et des technologies ont fortement augmenté, impactant les infrastructures lourdes.
– Sanctions contre la Russie : Les restrictions imposées à la Russie compliquent l’approvisionnement en équipements et allongent les délais.
– Exigences de sécurité renforcées : De nouvelles normes imposées par les régulateurs européens nécessitent des ajustements techniques coûteux.
Ces éléments ont conduit Budapest à revoir le contrat initial pour répondre à ces défis.
Retards et obstacles techniques
Depuis son lancement, Paks II a subi d’importants retards. Les études d’impact et les négociations réglementaires ont pris plus de temps que prévu, repoussant le début des travaux à 2023. Les différends entre Budapest, Moscou et Bruxelles, ainsi que les ajustements liés à la conformité aux normes européennes, ont également ralenti le projet.
Enjeux géopolitiques et économiques
La coopération énergétique avec la Russie place la Hongrie dans une position délicate au sein de l’Union européenne. Tandis que l’UE s’efforce de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou, Budapest reste fidèle à cette alliance stratégique. En contrepartie, la Hongrie bénéficie d’un financement russe de 10 milliards d’euros, mais cette dépendance renforce l’influence de Moscou sur le projet.
Sur le plan économique, la hausse des coûts pourrait peser sur les finances publiques hongroises, remettant en question la viabilité du projet. Bien que Paks II soit censé garantir une énergie compétitive à long terme, les retards et dépassements budgétaires pourraient compromettre ces bénéfices.
Perspectives et risques
Plusieurs scénarios sont envisageables pour l’avenir de Paks II :
1. Achèvement dans les délais : La Hongrie surmonte les défis et complète le projet, assurant une énergie stable et durable.
2. Nouveaux retards : Les contraintes financières et les sanctions prolongent le chantier, augmentant les coûts finaux.
3. Intervention européenne : Bruxelles pourrait exiger davantage de transparence, compliquant le financement et l’avancement des travaux.
Le projet Paks II est un enjeu stratégique pour la Hongrie. Toutefois, il illustre les tensions entre les objectifs nationaux et les contraintes imposées par le contexte géopolitique et économique.