Joe Biden se rend en Arabie Saoudite pour faire pression sur ses dirigeants afin d’assurer la sécurité pétrolière. Cette visite a pour but principal d’agir sur l’OPEP+.
Réalistes, les États-Unis savent qu’ils n’obtiendront pas d’engagements d’approvisionnement en pétrole lors de cette visite. De nombreuses thématiques qui impactent le marché pétrolier sont à l’ordre du jour. Toutefois, les dirigeants du Golfe sont peu enclins à modifier leur quota de production.
Visite de Biden en Arabie Saoudite, enjeu autour du pétrole
Les prix élevés du prix du pétrole du fait de l’invasion de l’Ukraine et l’inflation à 9% aux États-Unis, pousse Joe Biden à agir.
Le 15 juillet, le roi saoudien, Salman et le prince héritier, Mohammed bin Salman rencontrent Joe Biden. La guerre ukrainienne est un des éléments clés de la discussion, notamment sur l’approvisionnement de la Russie en pétrole et les flux commerciaux.
Le 16 juillet se déroule le sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) auquel Joe Biden participe.
À cette occasion, le président américain a pu s’entretenir bilatéralement avec les dirigeants des Émirats arabes unis, de l’Irak et de l’Égypte. Pour l’heure, les effets de la visite américaine ne sont pas connus.
Outre l’impact de la guerre en Ukraine, la visite de Biden vise également à discuter des pourparlers sur la sécurité régionale.
Ces dernières années, les rebelles houthis soutenus par Téhéran attaquent les infrastructures pétrolières et maritimes saoudiennes et émiriennes.
Ces attaques s’inscrivent dans le cadre de la guerre au Yémen où s’affrontent indirectement l’Arabie saoudite et l’Iran. Elles mettent en péril l’approvisionnement en pétrole.
Le conseiller de la Maison Blanche, Jake Sullivan précise que les États-Unis espèrent « des actions supplémentaires de l’OPEP+ dans les semaines à venir ».
Le rôle décisif de l’OPEP+
L’OPEP+ a un accord actuel qui maintient les quotas d’août du groupe. La plupart des partenaires ne produisent pas leur capacité maximale.
Par exemple, la production saoudienne se maintient à 11 millions de barils par jour (b/j), soit une baisse de 1 million de b/j par rapport à la capacité déclarée.
Les Émirats arabes unis ont un quota de 3,17 millions de b/j. C’est environ 830 000 b/j de moins que la quantité maximale. À noter, ces deux pays sont les seuls pays membres de ce cartel qui puissent augmenter leur production.
Toutefois, il est difficile de modifier le pacte de l’OPEP+. Pour toute modification, il faut l’unanimité des 23 membres de cette alliance. La production ne sera pas augmentée sans accord dans le groupe.
Le 2 juin, l’OPEP+ a décidé d’accélérer la production tout au long de l’été. Par conséquent, pour le mois d’août, l’augmentation du quota s’élève à 648 000 b/j.
Cette décision a permis d’apaiser les tensions entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite. Cependant, elle ne garantit pas la quantité de brut prélevée par ses membres ni celle prévue dans les mois à venir.
Malgré les incitations américaines d’accélérer les hausses de production, l’OPEP+ reste fermée.
La position des dirigeants de la péninsule du Golfe
En raison de la guerre au Yémen, l’Arabie Saoudite nie toute responsabilité en cas de pénurie d’approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux.
Au premier semestre 2022, 21 attaques visant les installations pétrolières au Moyen-Orient sont signalées. Les zones touchées sont les raffineries, les fermes de stockage ou encore les usines de traitement. À titre de comparaison, 19 attaques sont recensées en 2021 sur la même période.
De plus, les relations entre les pays du Golfe et les États-Unis sont tendues. Le désengagement américain de la région consterne les dirigeants du Golfe. En 2021, Joe Biden décide de retirer les systèmes de missiles Patriot d’Arabie Saoudite.
En outre, Faiza al-Husseini, vice-présidente du cabinet de conseil Husseini Energy, a déclaré :
« [Les dirigeants saoudiens recherchent] une reconnaissance claire et forte du rôle essentiel que l’Arabie saoudite maintient, avec d’autres pays du CCG, en assumant la responsabilité de la sécurité énergétique mondiale [et] s’attendent à ce que les États-Unis soient un partenaire militaire efficace pour faciliter cette mission en s’engageant à sécurité des nations du CCG »
Ainsi, les marchés attendent avec impatience, la réunion du 3 août de l’OPEP+ qui vise à fixer les niveaux de production de septembre. Cette réunion permettra d’estimer les retombées positives ou non de la visite de Biden en Arabie Saoudite.