Jean-Bernard Lévy rattrapé par la Crise Énergétique

Jean-Bernard Lévy, un PDG d'EDF rattrapé par la crise énergétique. Son mandat prendra fin au plus tard le 18 mars 2023.

Le départ anticipé de Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, a été annoncé. Il aura connu une longévité peu commune à la tête du groupe. M. Lévy a affronté bien des embûches, avant d’être rattrapé par la crise énergétique. L’exécutif a décidé d’accélérer son remplacement. Ainsi, il souhaite favoriser la mise en œuvre de la réorganisation d’un groupe endetté. Par ailleurs, le gouvernement somme EDF d’œuvrer pour la souveraineté énergétique du pays.

PDG depuis 2014 du géant aux quelque 167.000 salariés de par le monde, M. Lévy, 67 ans, devait voir son mandat prendre fin au plus tard le 18 mars 2023, atteint par la limite d’âge. Son départ annoncé, peut-être dès la rentrée et d’un commun accord officiellement, arrive au terme d’un premier semestre 2022 mouvementé et pas exempt de tensions avec l’Etat actionnaire.

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Un parcours semé d’embûches

D’abord, des problèmes de corrosion sur le parc de réacteurs ont contraint à l’arrêt de douze d’entre eux (sur 56). Ainsi, la production nucléaire française devrait chuter cette année. Selon les prévisions, elle atteindra 280-300 terawattheure (TWh).

Dans le même temps, le gouvernement a mis à contribution EDF pour contenir la facture des Français. Ceci en apportant des volumes supplémentaires d’électricité nucléaire bon marché à ses concurrents. Une décision très mal reçue, M. Lévy déposant contre elle un recours gracieux le 12 mai.

“Il est fort possible que Jean-Bernard Lévy n’était plus suffisamment malléable et qu’il ait fallu le remplacer rapidement pour que l’Etat puisse aller vite dans son projet de renationalisation”, commente Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa énergies pour EDF.

Pour elle, M. Lévy “a subi et à la fois porté les injonctions contradictoires du gouvernement, qui ont conduit à ce qu’EDF soit dans une situation particulièrement difficile, du point de vue financier notamment.” Elle évoque ainsi “la part du nucléaire dans le mix énergétique”, que l’exécutif en 2015 a d’abord souhaité réduire, avant de relancer l’atome, tout en accélérant le déploiement des renouvelables, en fin de premier quinquennat Macron.

“Il a eu très peu d’échanges avec les organisations syndicales”, critique de son côté Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, qui pointe cependant la “responsabilité” du gouvernement dont M. Lévy était “un soldat”. À son crédit, Mme Henri souligne que le futur ex-PDG a toujours rejeté le dispositif de vente à bas coût de l’électricité à la concurrence comme “un poison pour l’entreprise”.

Longévité

Gros travailleur, quelque peu austère, ce Polytechnicien a aussi hérité des difficultés du chantier de l’EPR de Flamanville (Manche), marqué par d’important retards (10 ans) et surcoûts (quasiment quadruplés). À l’étranger, il a porté le projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre, chantier dont les délais et les coûts ont aussi dérivé.

Grand amateur de ski et d’opéra, M. Lévy cumule un triple profil d’ingénieur, d’homme de cabinet et de grand patron, et semblait taillé pour conduire une réorganisation du groupe. Mais le projet a été gelé par le gouvernement en raison de désaccords avec la Commission européenne sur le maintien de l’unité de l’énergéticien, une exigence absolue des syndicats pour qui un démantèlement serait mortifère.

Une réorganisation devait apporter de nouveaux moyens à EDF, en mettant en Bourse les activités liées aux renouvelables.
Ce sera à son successeur de prendre les choses en main.

Malgré son départ anticipé, M. Lévy, d’abord nommé par François Hollande puis reconduit en 2019 par Emmanuel Macron, restera le premier patron d’EDF à avoir fait plus d’un mandat depuis Marcel Boiteux (président en 1979-1987).

Né le 18 mars 1955 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine, il est passé, après Polytechnique, par l’École nationale supérieure des télécommunications (ParisTech) avant d’entrer dans l’administration des télécommunications. Il fait ensuite carrière entre le monde de l’entreprise et celui des cabinets ministériels dans des gouvernements de droite, puis des passages par Vivendi, qu’il a redressé après l’ère Messier, et Thales où il a joué les pacificateurs.

Baisse prévue des prix de l’énergie en 2024, malgré une hausse globale

En 2024, les prix de l’électricité et du gaz en France devraient baisser grâce aux récentes réformes gouvernementales et aux ajustements de marché. Toutefois, ils demeureront supérieurs aux niveaux pré-crise de 2021-2022, mettant en lumière les défis persistants et les stratégies nécessaires pour stabiliser le secteur énergétique dans un contexte post-crise.

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