Gaz: TotalEnergies développe le premier champ mondial

Au Qatar, TotalEnergies développera le plus grand champ gazier du monde : le North Field East.

Le Qatar a annoncé dimanche avoir choisi le géant français des hydrocarbures TotalEnergies comme premier partenaire étranger pour développer le plus grand champ de gaz naturel du monde, et, à terme, apaiser les craintes de l’Europe sur le plan énergétique.

“Je suis heureux d’annoncer la sélection de TotalEnergies comme premier partenaire dans le projet North Field East (NFE)”, a déclaré le ministre qatari de l’Energie, Saad Sherida Al-Kaabi, lors d’une conférence de presse à Doha.

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De plus, le groupe pétro-gazier français va prendre une part de 6,25% dans le projet, qui vise à aider le pays du Golfe à augmenter sa production de gaz naturel liquéfié (GNL) de 60% d’ici 2027, a-t-il ajouté.

Le NFE fait partie du projet d’expansion du champ offshore North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde que le Qatar partage avec l’Iran. C’est “un mariage plus que des fiançailles”, a affirmé le ministre en précisant que l’accord durera jusqu’en 2054.

Ainsi, pour TotalEnergies, cet accord est le plus important jamais conclu avec le Qatar, et devrait contribuer à compenser le retrait du groupe français de Russie, a affirmé son PDG Patrick Pouyanné, qui se trouve à Doha.

“C’est un investissement de 2 milliards de dollars pour financer 25% d’un train (ensemble des unités d’une usine assurant le traitement et la liquéfaction du gaz, NDLR) qui coûte entre 7 et 8 milliards de dollars” a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP.

Négociations

Par ailleurs, d’autres entreprises étrangères rejoindront le projet dans le cadre de coentreprises avec le géant qatari des hydrocarbures QatarEnergy (QE), mais aucune participation ne sera plus importante que celle de TotalEnergies, a déclaré M. Kaabi.

“Nous avons terminé le processus de sélection et nous avons signé les accords”, a-t-il ajouté, précisant qu’ils seront annoncés dans un “avenir proche”.

Exxon Mobil, Shell et ConocoPhilips sont sur les rangs, et la part des géants pétroliers et gaziers étrangers devrait s’établir à environ 25%, ont affirmé des sources du secteur à l’AFP.

QE estime le coût total du projet à 28 milliards de dollars. Selon le ministre qatari, qui dirige aussi QE, la production devrait commencer en 2026.

Le Qatar est l’un des principaux producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié, avec les États-Unis et l’Australie. Ainsi, les dirigeants européens se sont bousculés dans l’émirat du Golfe ces derniers mois, à la recherche d’alternatives au gaz russe, dans un contexte de guerre en Ukraine, qui a donné un nouvel élan aux projets de GNL.

Sans donner de chiffres, Patrick Pouyanné a laissé entendre que le Qatar avait obtenu un bon prix dans les négociations, qui ont débuté en 2019.

“Votre équipe et vous-même avez très bien défendu les intérêts du Qatar dans ce projet”, a-t-il dit au ministre qatari, lors d’une conférence de presse.

“Très bonnes opportunités”

“QatarEnergy a certainement bien négocié”, a commenté Ben Cahill, spécialiste de la sécurité énergétique au Center for Security and International Studies à Washington.“Pour les plus grands acteurs mondiaux du GNL, comme Shell et TotalEnergies, le Qatar est trop important pour le laisser passer”, a-t-il ajouté.

“Une participation dans ces trains de GNL apporte un approvisionnement à faible coût, de très bonnes opportunités de commercialisation et un bon partenaire”, a-t-il expliqué.

Le North Field représente environ 10% des réserves de gaz naturel connues dans le monde, selon QE. Ces réserves s’étendent sous la mer jusqu’au territoire iranien, où les efforts de la République islamique pour exploiter le champ de South Pars sont entravés par les sanctions internationales.

La Corée du Sud, le Japon et la Chine sont les principaux clients du GNL qatari. Néanmoins, depuis l’année dernière, Doha a fourni des quantités additionnelles à la Grande-Bretagne et annoncé un accord de coopération avec l’Allemagne.

L’Europe s’est longtemps opposée aux accords à long terme demandés par le Qatar, mais le conflit en Ukraine a changé la donne.

Pour Bill Farren-Price, responsable de la recherche sur le pétrole et le gaz au sein de la société de conseil en énergie Enverus, les tensions mondiales liées à la baisse des exportations de gaz russe vers l’Europe font du GNL “un élément clé et croissant de la transition énergétique”.

Ainsi, le “partenariat avec TotalEnergies renforce le partenariat politique de Doha avec les puissances occidentales tout en lui offrant des options de commercialisation plus diversifiées”, conclut-il.

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